Un milliard d’euros. Le chiffre est saisissant. C’est le montant des bonus que compte verser la banque française BNP Paribas à ses 4000 traders. 500 millions en cash, tout de suite, avant la fin du mois. Et 500 millions, plus tard, sous forme d’actions qui seront distribués lors des trois prochaines années. Soit 250 000 euros en moyenne par personne.
Ces chiffres sont loin de réjouir les syndicats comme l’explique Lionel Zusatz, le représentant CFDT à BNP Paribas : « un grand trader peut percevoir un salaire très confortable au vu de ses compétences. En revanche, le différentiel est beaucoup trop élevé. Ces bonus sont indécents, alors que le salaire moyen d’un employé de BNP Paribas se situe, après vingt ans de maison, autour de 2000 euros net ».
Les recommandations du G20
BNP Paribas peut se le permettre, puisque la banque a annoncé un bénéfice de près de 6 milliards d’euros, en hausse de 93%. Le premier groupe bancaire en termes de capitalisation boursière a, non seulement, profité de la bonne tenue de ses activités sur les marchés de capitaux, mais il a aussi bénéficié des bons résultats de la banque Fortis, rachetée l’an dernier au plus fort de la crise.
Le groupe bancaire creuse l’écart avec ses concurrents. Société Générale affiche de moins bons résultats, avec un bénéfice de 678 millions d’euros pour 2009. Trois fois moins qu’en 2008. La faute à son portefeuille d’actifs toxiques, qui comportait notamment des produits hypothécaires à risques. Et même si son PDG, Frédéric Oudea, a annoncé, jeudi 18 février 2010, qu’il renonçait à ses primes, les traders de la Société Générale vont, tout de même, se partager 250 millions d’euros, sans compter les 300 millions versés sous forme d’actions.
Paris et Londres taxent les bonus
Depuis les dernières réunions du G20, les traders ne sont plus logés à la même enseigne. Le G20, qui regroupe pays riches et grandes économies émergentes, a fait bouger les choses. Parmi les recommandations édictées par le G20 : le versement des primes étalé dans le temps, afin d’éviter toute prise de risque à court terme et la réduction des bonus en cas de mauvaise performance. Ces primes seront, en effet, soumises à certaines conditions. C'est là que le système du malus entre en jeu. Il n'y aura pas de paiement si les opérations financières s’avèrent perdantes.
Sans compter les taxes à verser aux gouvernements français et britannique. La France et la Grande-Bretagne sont allées encore plus loin que les recommandations du G20. Les deux Etats ont, en effet, décidé d’imposer exceptionnellement les banques sur le montant des primes distribuées en 2010 au titre de l’année 2009. Les établissements bancaires devront, donc, payer une taxe de 50% sur les montants supérieurs à 27 000 euros, juste pour cette année.