La panique a gagné jeudi 4 février 2010 les grandes places financières mondiales, en effervescence à cause principalement de la dégradation de la situation économique de plusieurs pays du sud de l’Europe. Après la Grèce, soumise ces dernières semaines à de fortes pressions, c’est au tour de l’Espagne et du Portugal d’être pris dans la tourmente. Ces deux pays ont été très durement frappés par la crise économique et financière qui a plongé le monde dans la récession. Et les plans massifs de relance qu’ils ont mis en place se sont avérés désastreux pour leurs budgets.
Entrée en récession dès 2008, l'Espagne a ainsi vu ses finances publiques se dégrader à une vitesse vertigineuse. Ses comptes sont passés d'un excédent de 2,23% du PIB en 2007 à un déficit de 11,4% l'année dernière. Et sa dette a grimpé de 36.2% du PIB à 55,2% sur la même période. Et on estime qu'elle devrait même filer jusqu'à 74.3% en 2012. La situation du Portugal n'est guère plus enviable avec notamment une dette publique qui devrait dépasser dès cette année les 85% du PIB.
Risques d’insolvabilité
Dans ce contexte, les investisseurs doutent de plus en plus de la capacité de ces pays à honorer leurs dettes. Cette défiance s’est communiquée aux marchés qui ont tous dévissé. Et alors que jusqu’au milieu de la semaine, les pressions se sont exercées principalement sur la Grèce, les analystes redoutent désormais un effet de contagion aux autres pays du sud de l’Europe. Car si les faiblesses structurelles de ces économies ont longtemps été masquées par une conjoncture favorable et un crédit à des taux faibles qui a favorisé un boom immobilier, la crise a mis un terme brutal à cette configuration.
Cette situation n’est pas sans danger pour la zone euro puisque, dans la mesure où ces pays ont adhéré à une monnaie unique, ils ne peuvent aujourd’hui ni réduire les taux d'intérêt ni déprécier leur devise pour remettre de l’ordre dans leurs finances. Or en cas d’insolvabilité d’un de ces pays, c’est l’ensemble de la zone euro qui risque d’en pâtir.
L’incertitude qui pèse sur les marchés a d’ores et déjà des conséquences sur le cours de l'euro. La monnaie unique a accentué vendredi ses pertes face au dollar, tombant sous 1,36 dollar pour la première fois en huit mois et demi. Onze ans après sa création, la zone euro traverse donc sa plus grosse tempête. Et certains analystes estiment qu'une sortie de l'Union monétaire ne peut être exclue à plus long terme pour certains pays affaiblis.