Hamid Karzaï et l’escale obligée de Riyad

Le projet de réconciliation entre les autorités de Kaboul et les talibans, prôné par le président Hamid Karzaï, passe manifestement aussi par Riyad, où le chef de l’Etat afghan a jugé utile sinon nécessaire de faire escale, le 2 février 2010. Il avait déjà, la semaine dernière à Londres, défendu cette idée qui avait été favorablement accueillie.

Après la conférence de Londres et la main tendue aux talibans, cette visite est l'acte officiel de la demande de soutien afghane aux Saoudiens. Hamid Karzaï frappe évidemment à la bonne porte. Sur ce dossier Riyad apparaît comme un acteur incontournable. L'Arabie saoudite compte parmi les trois pays (avec le Pakistan et les Emirats arabes unis) qui ont reconnu le régime taliban afghan en 1996 et maintenu avec lui des relations diplomatiques jusqu'à l'intervention étrangère et la chute de Kaboul, en novembre 2001.

L'Arabie saoudite n'a jamais totalement rompu le contact avec sa « créature ». Elle dispose de liens privilégiés, d'une bonne connaissance des réseaux et de la possibilité d'activer des canaux de communication avec les insurgés, en tout cas, certains d'entre eux. Il s’agit de ceux avec lesquels Hamid Karzaï pense qu'il est possible de discuter et ceux dont on nous dit qu'ils sont des « taliban modérés », c'est à dire des interlocuteurs acceptables.

Parmi les atouts de Riyad, Hamid Karzaï compte également sur sa générosité. L’Arabie saoudite est un acteur discret, mais riche. Par ailleurs, la diplomatie saoudienne est convaincue que l'OTAN a, d'ores et déjà, perdu la guerre et qu'à un moment ou à un autre, il va bien falloir dégager, parmi ses ennemis, ceux avec lesquels il est encore possible de discuter.

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