Avec notre envoyé spécial à Colombo, Mouhssine Ennaimi
Qu’il s’agisse du président en exercice ou de son principal adversaire, les deux hommes sont confrontés à d’incroyables mesures de sécurité.
Le président Mahinda Rajapakse est constamment protégé par plusieurs centaines de gardes du corps depuis son accession au pouvoir en 2005. Sa voiture est blindée et son itinéraire, évidemment, toujours tenu secret, de même que l’heure d’arrivée à ses rendez-vous.
Le général Fonseka, lui, se déplace toujours avec une importante escorte et, comme le président, au cours de ses meetings politiques, il s’adresse à ses sympathisants derrière une vitre blindée.
La campagne présidentielle, bien que la guerre civile soit terminée, est, selon les observateurs l'une des plus violentes de ces vingt dernières années. Attaques à la mitraillette, grenades, bombes, sans compter les confrontations entre militants.
En dehors des ministres pro-gouvernementaux, le général Fonseka ne devrait pas craindre pour sa santé, surtout qu’en tant qu’ancien commandant des armées, il a l’estime et le respect des soldats. C’est d’ailleurs ce qui suscite l'une des craintes du président Rajapakse : que l’armée ne se soulève contre lui.
Les deux hommes affichent une haine réciproque
C’est le candidat de l’opposition qui a clos la campagne présidentielle. Le général Fonseka, quelques minutes avant la fin du délai imparti, s’est exprimé devant plusieurs milliers de sympathisants dans un des quartiers populaires de Colombo ; un discours où le président sortant, Mahinda Rajapakse, a été une fois de plus directement critiqué pour son népotisme et ses méthodes violentes.
Mahinda Rajapakse a, lui aussi, enchaîné les discours samedi 23 janvier 2010, devant des sympathisants galvanisés, venus avec des portraits et des banderoles, demandant sa réélection.
Comme pendant toute la campagne, les deux hommes ont donc publiquement affiché leur haine réciproque, multipliant les attaques personnelles, laissant parfois de côté les thèmes essentiels de la présidentielle.
A quelques jours du scrutin, le Sri Lanka est plongé dans une ambiance tendue où chacun s’attend à des actes de violence le jour du vote. C’est justement ce point qui irrite l’opposition, redoutant ainsi un climat peu propice à une forte mobilisation. L'abstention, selon les analystes politiques, devrait favoriser le président en exercice.
La Commission électorale, dépitée par ces flagrantes violations de la loi, a annoncé qu’elle pourrait annuler le scrutin si celui-ci tourne au règlement de comptes entre les deux parties.