Reportage de notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin
Au nord-ouest de Pékin, dans le quartier des universités, le bâtiment de verre et d'acier qui abrite les 700 employés de Google semble déserté. L'accès est interdit à la presse. Les quelques salariés qui en sortent ne s'attardent pas. Il faut dire que le sujet est sensible, des personnels locaux, soupçonnés d'avoir contribué à l'attaque contre le site de Google, ont été mis à l'écart.
Dans l'université voisine de Xinhua, les étudiants s'interrogent sur la stratégie de Google. Officiellement, l'entreprise menace de quitter la Chine en raison de la censure et des attaques informatiques.
Pour cet étudiant, il s'agirait surtout d'un prétexte, pour dissimuler les mauvais résultats du groupe : « Je pense que Google a sa propre stratégie. Si elle a choisi de se retirer, personnellement je pense que c'est à cause de raisons commerciales. » Et il ajoute : « Ça ne m'inquiète pas du tout. Il y a les moteurs de recherche de Microsoft et de Yahoo. Et il y a aussi Baidu, le moteur de recherche chinois. Si Google se retire, cela va donner plus de chance à d'autres. Je pense que le retrait de Google serait une erreur stratégique pour cette entreprise. »
Un discours assez proche de celui du gouvernement, qui évoque lui aussi les mauvais résultats de Google, largement devancé en Chine par son principal concurrent Baidu.
Mais pour un autre étudiant, le départ de Google serait une perte importante pour la Chine. Une position largement répandue sur les blogs, où les internautes chinois soutiennent massivement l'entreprise américaine. Et l'un d'entre eux écrit notamment que le départ de Google serait pour la Chine « un retour à l'Age de pierre ».