2009 s’achève dans la tension

« Les choses ont changé depuis la manifestation du jour de l’Achoura », disent en substance les Iraniens proches de l’opposition, joints par RFI. Tous constatent le durcissement du pouvoir mais promettent la poursuite du mouvement, près de 7 mois après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Témoignages.

« J’ai beaucoup discuté avec mon père qui ne voulait pas que je sorte dimanche, nous raconte cette étudiante de Téhéran, finalement nous avons choisi d’y aller en voiture ». Ce 27 décembre, jour de la fête musulmane chiite de l’Achoura, les opposants à Mahmoud Ahmadinejad avaient décidé de descendre dans la rue, fidèles à leur habitude de détournement des commémorations officielles. La jeune iranienne estime que cette journée marque un tournant dans la crise que traverse son pays depuis la présidentielle contestée de juin : « Nous avions vu ce qui s’est passé à Téhéran et dans d’autres villes, dit-elle, mais là c’était très différent… ils ont utilisé des gaz lacrymogène dans toute la ville… ils ont roulé en voiture sur des gens ! ».

 
 « Pré-révolution »
 

« Avant, c’était plutôt un mouvement, analyse une autre iranienne qui a également participé aux rassemblements de ces derniers mois, maintenant on a l’impression que c’est plutôt une sorte de pré-révolution ». Selon cette militante, les affrontements de dimanche, entre manifestants et forces de l’ordre, ont atteint un niveau de violence inégalé ces derniers mois. Les autorités iraniennes ont admis la mort de cinq personnes (dont un neveu de Mir Hossein Moussavi, principale figure de l’opposition iranienne) mais pour notre interlocutrice iranienne, le bilan serait plus lourd : « 37 ou 38 morts », chiffres impossible à vérifier.
 
« Le mouvement va se poursuivre »

Pour ces deux iraniennes, la contestation va connaître d’autres épisodes. « Pour les manifestations, on est prévenus au dernier moment », nous dit l’une d’entre elles. Des appels qui utilisent les nouvelles technologies : SMS, internet… ou simple « bouche-à-oreille » quand les réseaux électroniques sont perturbés par les autorités. Alors que les autorités espèrent étouffer la contestation, en réprimant les manifestations ou en organisant ses propres rassemblements (comme celui de ce mercredi 30 décembre qui a vu des centaines de milliers de partisans du régime brandir des portraits du Guide suprême et scander des slogans hostiles à l’opposition), nos deux interlocutrices iraniennes estiment que ce durcissement nourrit la contestation. « Les gens en ont marre. Les réactions [du pouvoir] comme celles de dimanche, cela va encore dégrader la situation et motiver les gens pour manifester », nous dit l’une d’entre elles.

 

 

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