La machine à exporter chinoise repart. Le vice-ministre du commerce chinois vient d’annoncer que Pékin « allait probablement supplanter en 2009 l’Allemagne pour devenir le premier exportateur mondial ». Zhong Shan a chiffré à plus de 1 190 milliards de dollars le montant des exportations pour 2009. Sur la même période, l’Allemagne n’aurait exporté que 992,7 milliards de dollars de marchandises. Il y a quelques mois, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoyait déjà cette tendance.
Sur le quatrième trimestre 2009, les exportations ont redémarré, tirées en grande partie par les produits traditionnels tels que les vêtements, le jouet, la chaussure, l’électronique grand public et l’équipement ménager. Ce redécollage fait suite à une chute de près de 10% au cours des trois premiers trimestres. La crise et ses effets ont entrainé la fermeture de milliers de petites entreprises tournées vers l’export dans le sud du pays. Dans la province du Guandong, surnommée « l’atelier du monde », plus de la moitié des usines de jouets ont ainsi fait faillite, mettant au chômage des milliers de salariés.
Le yuan pour doper les exportations
Le premier facteur d’explication de ce redressement est la sous-évaluation du yuan. Contrairement aux grandes devises mondiales qui flottent les unes par rapport aux autres, c’est-à-dire que leur cours montent ou baissent en fonction des forces du marché, le yuan est une monnaie non convertible dont la valeur est indexée depuis un an et demi sur le dollar. Or durant une grande partie de l’année 2009, le billet vert a chuté de près de 15% par rapport à la plupart des grandes devises, en premier lieu l’euro.
Cette faiblesse du yuan est une forme de protectionnisme. Les produits chinois restent compétitifs aux Etats-Unis et plus encore dans les pays de la zone euro. Ce qui explique pourquoi la Chine résiste face aux gros exportateurs de la région que sont la Thaïlande, le Corée du Sud ou le Japon « La part des exportations chinoises dans les exportations mondiales passera de 8,86% l’année dernière à 9% cette année », a assuré le vice-ministre du commerce Zhong Shan.
Subventions et mesures fiscales
Le deuxième facteur qui explique cette percée est le retour des subventions à l’exportation. Face à la crise, Pékin a mis en place à l’automne 2008, un plan de relance de 585 milliards de dollars (4 000 milliards de yuans). Pour soutenir l’activité, le gouvernement chinois a également joué sur toute une série de mesures fiscales. Les taxes à l’exportation sur près de 3500 produits (meubles, jouets, produits textiles) ont ainsi été réduites.
L'Etat a également développé les prêts aux petites et moyennes entreprises et engagé une réforme de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui a permis aux entreprises chinoises d’économiser près de 13 milliards d’euros sur leurs investissements en équipements. D'ailleurs plusieurs plaintes anti-dumping ont été déposées à l'OMC depuis le début de l'année par les Etats-Unis.