Pas de nouvelles des otages italiens

On est toujours sans nouvelles du couple d’Italiens enlevé vendredi 18 décembre au soir dans le sud-est de la Mauritanie, à une dizaine de kilomètres de la frontière malienne. Lundi 21 décembre, le gouvernement mauritanien a voulu rassurer les ressortissants européens présents dans le pays, en indiquant que « toutes les dispositions sont prises pour garantir leur sécurité. » Le désert malien semble souvent être le lieu de détention des victimes d’enlèvements dans la région.

Lors de l’enlèvement des trois humanitaires espagnols, le 29 novembre 2009, il a fallu attendre 10 jours et la revendication d’al-Qaïda au Maghreb islamique pour que les autorités mauritaniennes s’expriment pour la première fois sur le sujet. Le président Abdel Aziz avait alors expliqué que « c’est le cumul d’erreurs sécuritaires et militaires des régimes précédents qui a conduit à ce genre d’actes terroristes

Pour l’enlèvement du couple d’italiens, vendredi 18 décembre 2009, survenu trois semaines seulement après celui des Espagnols et alors que débute la saison touristique, le gouvernement a réagi plus promptement. Dans un communiqué publié lundi 21 décembre les autorités affirment que « toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour garantir la sécurité des ressortissants étrangers ». Ces dispositions ne sont toutefois pas détaillées dans le document qui évoque « une disparition et non un enlèvement. »

Joint par RFI, le directeur de la communication du RFD, le principal parti de l’opposition a, quant à lui, dénoncé « un acte barbare sur des hôtes amis ». Réagissant aux propos rassurants du gouvernement , Mohamed Vall Ould Handeya a assuré qu’il s’agissait « de mots vide de sens » car selon lui la gestion sécuritaire du pays est défaillante, « nous faisons porter la responsabilité de ces enlèvements au pouvoir en place qui par sa gestion désastreuse de l’armée a fait de ce pays une passoire et domaine de chasse pour terroristes et agresseurs de tout acabits », a-t-il déclaré.

Pourquoi les ravisseurs conduisent-ils leurs otages dans le désert malien ?

Tout commence en 2003, sur le territoire algérien. 32 touristes européens sont enlevés par GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) devenu aujourd’hui al-Qaïda au Maghreb islamique, AQMI. Les forces de sécurité libèrent par la force une partie des touristes, très rapidement les ravisseurs conduisent le reste des otages sur le territoire du Mali voisin.

Le pays d’origine des otages demande alors à Bamako de ne pas utiliser la force, mais de négocier la libération de leurs ressortissants, les ravisseurs ont donc retenu la leçon : « Quand on emmène les otages au Sahara coté malien, il y a donc négociations. Négociations, mais aussi, semble t-il, paiement de rançon, l’affaire est donc juteuse».

Souvent par stratégie, les islamistes armés cachent leurs otages dans un pays voisin et mènent les négociations sur le territoire malien. Dans la zone, les éléments d’AQMI ont des complices locaux et la porosité des frontières maliennes facilite les va-et-vient des combattants islamistes, le Mali n’ayant pas les moyens de contrôler cette zone qui couvre 75% de la superficie totale du pays. Une raison supplémentaire pour l'AQMI de chercher à y trouver refuge avec les otages.

 

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