Du Caire nous avons pris la route vers l’est, franchi le canal de Suez à Ismaïlia, puis traversé le nord-Sinaï en passant par la station balnéaire d’Al Arich, sur la Méditerranée.
Nous voici à présent près de Cheikh Zouayed, non loin de la frontière entre l’Egypte et la Bande de Gaza. Ici, c’est le fief de la tribu bédouines des Sawarka. Khalil est l’un d’eux et il lance : « lorsqu’on survole l’Egypte la nuit, on ne voit qu’un long ruban de lumière et autour c’est l’obscurité ». Traduction : la population, l’économie et la vie politique du pays sont concentrés dans la vallée du Nil mais les habitants du désert, eux, vivent à la marge. Khalil parle arabe, anglais et… hébreu. Lorsqu’Israël occupait le Sinaï (1967-1982) il était en effet guide touristique et circulait du Néguev au sud-Sinaï. Le bédouin raconte sa tribu, ses lois, ses coutumes. Puis, sur une feuille de papier, il trace de mémoire « sa » carte du Sinaï : ici le territoire des Sawarka, là celui des Tarabins. Ici les Ayayda et au sud les Ahwetat… Ces frontières n’existent qu’aux yeux des bédouins et elles conditionnent les relations, parfois tendues, entre tribus. «Ici les Sawarka ont trois activités, nous dit Khalil : le trafic, la culture et l’élevage ».
A suivre : «Le ballet des pick-up dans les rues de Rafah».