Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis
Le réel objectif de la présidente semble avoir été de décapiter ce clan des Ampatuan, qui tient toute la province de Maguindanao. Et c’est ce que lui a permis la déclaration de la loi martiale, de manière expéditive. Car celle-ci suspend la charte des libertés envers toutes les personnes qui sont soupçonnées de rébellion contre l’Etat.
Concrètement, cela a permis à l’armée d’arrêter huit élus provinciaux et régionaux, dont le gouverneur de la région de l’ouest de Mindanao, qui n’est autre que le patriarche du clan Ampatuan. Leurs droits ne sont pas complètement abolis cependant, car le ministère de la Justice a l’obligation d’inculper les personnes arrêtées dans les trois jours. Faute de quoi il devra les relâcher.
Selon l’armée, cette loi martiale a permis de contenir également une rébellion de plusieurs centaines de partisans armés des Ampatuan, qui étaient prêts à passer à l’attaque pour les défendre.
Cet état d’exception a une durée maximale de soixante jours. Mais sa légalité est déjà largement contestée, et, selon la loi, le Congrès doit encore l’approuver dans les 24 heures pour qu’il soit valide.
Ce qui est sûr, c’est que la présidente Arroyo a levé un tabou aux Philippines : la loi martiale n’avait jamais été déclarée depuis 1972. C’était alors Ferdinand Marcos qui l’avait imposée dans tout le pays, commençant ainsi une dictature qui a duré 14 ans.