Avec notre envoyée spéciale au tribunal de Phnom Penh, Anne-Laure Porée
Duch était sobre, sérieux. Chemise bleue, pantalon gris, lunettes sur le nez, le parfait profil du professeur. Un profil auquel il nous a habitués depuis le début de son procès. Invincible, il a sorti ses notes et est resté le nez collé dessus pour une lecture d’une heure et vingt-cinq minutes sans interruption, plutôt fastidieuse, d’ailleurs en salle d’audience le public s’endormait.
Duch a pris la parole après le réquisitoire. Pour sa défense, il n’a pas fait de déclaration ou de révélation fracassante. Le texte qu’il lisait s’adressait aux juges. Il est resté sur la ligne qu’il a toujours tenue.
Il a redit qu’il était un rouage dans la machine, qu’il avait voulu se mettre au service du peuple et s’était retrouvé au service d’une organisation criminelle. Il a listé les éléments qu’il a fournis au tribunal qui justifient de sa collaboration en espérant obtenir l’indulgence de la cour. Il a réitéré ses regrets et demandé que la porte du pardon reste ouverte. C’était peut-être sa dernière intervention publique.
40 ans de prison, réaction au Cambodge
La partie civile est sortie effondrée, car pour elle la peine de perpétuité et la peine de 40 ans n’est pas la même chose. Mais dans l’ensemble, les plaignants sont très satisfaits. Le procureur William Smith a bien expliqué pourquoi il demandait 40 ans.
D'une part, l'ancien Khmer rouge est détenu depuis 1999. Ses droits ont été violés car il n’a pas été jugé dans le délai légal. D'autre part, il a reconnu sa responsabilité, a collaboré en partie avec le tribunal et a exprimé des remords.
Ce choix fait remonter l’accusation dans l’estime des familles des victimes. Il faut rappeler que Duch a 67 ans, alors 40 ans ou la perpétuité, pour les plaignants cela ne fait pas une si grande différence.