Avec notre envoyé spécial à Hong Kong, Christophe Paget
À Hong Kong, on en est à plus de deux mois de manifestations, et pas de signe d’amollissement de la part des dirigeants, qui refusent toujours les revendications des manifestants - entre autres, la suppression du projet de loi d’extradition qui n’a jusqu’ici été que suspendu, et des réformes démocratiques.
Chen n’est pas content. « Bien sûr que les manifestations ont un impact sur mon commerce, explique-t-il. Il est midi passé et je n’ai eu que trois clients dans ma pharmacie. Là, dans ce quartier normalement bondé, il n’y a que les gens qui travaillent ou des personnes âgées. Les touristes viennent ici pour s’amuser. S’ils savent ce qui se passe, est-ce qu’ils vont continuer ? »
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Dans le quartier, l’heure est plutôt à la morosité. Direction le petit centre commercial Causeway Place, à la rencontre de Siu, qui tient un magasin de pâtisseries. « Au début, je comprenais que les manifestants aient des revendications. Mais certains ont commencé à être violents, et ça me fait un peu peur », confie-t-elle.
Et d'ajouter : « Près d’ici, à côté du grand centre commercial SoGo, des gens ont coupé les câbles des feux de circulation. C’est dangereux, ce n’est pas une manière de s’exprimer. La police n’a pas à se comporter violemment non plus, mais elle peut avoir de bonnes raisons de traiter ainsi certains manifestants. »
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Siu pense elle aussi que tout ça a eu un effet sur les ventes. Tout comme Jeremy Tai, qui tient un magasin de broderie et note lui aussi qu’il y a moins de clients. Pour sa part, il tolère le mouvement à défaut de le soutenir. « Je ne soutiens pas les manifestants mais ici, c’est Honk Kong, c’est international, et les gens ont le droit d’aller dans les rues », estime-t-il.
Avant de disserter sur la jeunesse : « Les jeunes ont un grand pouvoir. Ils peuvent empêcher les clients de se rendre dans les magasins. C’est difficile pour Pékin de communiquer avec eux. Quand ils ne sont pas d’accord avec quelque chose, en fait ils ne sont d’accord avec rien. Les jeunes sont trop idéalistes. Les gens ici, les manifestations, ça ne les intéresse pas vraiment, ce qu’ils veulent c'est gagner leur vie. »