Pour la Chine, la crise à Hong Kong évoque les «révolutions de couleur»

Lors d’une réunion à Shenzhen, mercredi 7 août, le directeur du Bureau chinois des affaires de Hong Kong et Macau a qualifié publiquement les manifestations qui agitent depuis deux mois la région administrative spéciale de « révolution de couleur ». Signe que la menace est devenue existentielle pour Pékin.

Avec notre correspondant à Pékin,  Stéphane Lagarde

L'accusation est grave et vient cette fois du plus haut responsable communiste en charge des relations avec Hong Kong. Pour Zhang Xiaoming, le mouvement anti-gouvernementale dans la région administrative spéciale portent « les caractéristiques évidentes d’une révolution de couleur ».

Une allusion aux soulèvements des années 2000 en Europe, en Asie centrale et au Moyen-Orient (Géorgie, Ukraine, Biellorussie Kirgiztan, Liban, etc.) pour partie soutenue par l’Occident.

Pour le directeur du Bureau de liaison de Hong Kong et Macau du Conseil des affaires d’État, « la tâche la plus urgente est aujourd'hui de mettre fin au désordre », terme important également dans le jargon communiste. « Cela de manière à empêcher Hong Kong de sombrer dans un abîme. »

Le poids des mots

Le choix des mots a des conséquences. Selon le sinologue Willy Lam, qui s'est exprimé dans une interview à Radio Free Asia le 6 août, la qualification de « révolution de couleur » aurait été décidée par le pouvoir central en juin dernier lorsqu’ont débuté les manifestations.

Ce qui expliquerait le refus de toute concession de la part de l’exécutif hongkongais. Le projet de loi d’extradition, moteur de départ de la contestation, a été suspendu mais pas supprimé comme le demandent les protestataires.

L’étape ultime, avant que Pékin ne décide d’une éventuelle intervention militaire ou policière continentale, pourrait être de qualifier la situation à Hong Kong de « dong luan », de  « chaos », comme ce fut le cas en Une du Quotidien du peuple quelques semaines avant la répression de Tiananmen.

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