Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
« C’est réglé, tout est réglé », a déclaré ce lundi le directeur adjoint de la Commission nationale antidrogue en Chine. Comme s’il était soulagé d’enlever une épine du pied des relations bilatérales tendues avec les États-Unis, ce haut responsable du ministère de la Sécurité publique a décliné pendant près de quarante minutes et dans le détail, le nom des opioïdes ajoutés à la vingtaine de variantes de fentanyl déjà réglementées par Pékin.
Une réponse à la demande du représentant américain au commerce le mois dernier, qui demandait à Pékin de s’engager sur une réduction de la production d’opioïdes et à Donald Trump lui-même. « Si la Chine s’en prend à cette drogue horrible et applique la peine de mort aux distributeurs et aux revendeurs, les résultats seront sensationnels », avait alors lancé le président américain. Mais pas question de reconnaître pour autant la responsabilité de la Chine dans la série de décès liés à une surdose de fentanyl sur le territoire américain.
« Nous sommes convaincus que les États-Unis sont les principaux responsables de l’abus de fentanyl, a expliqué Liu Yuejin, le directeur adjoint de la commission antidrogue. Ce n’est pas nouveau, les Américains sont habitués à surconsommer des médicaments antidouleur. Si les États-Unis veulent vraiment résoudre ce problème d’addiction au fentanyl, ils doivent d’abord renforcer leur travail de contrôle sur marché domestique. »
L’abus de fentanyl aurait tué plus de 30 000 Américains en 2017. Prescrite comme antidouleur sur ordonnance, la drogue de synthèse peut également être achetée facilement sur internet à des laboratoires chinois et livrée par la poste aux États-Unis, selon un rapport du Congrès américain de 2018. Cet élargissement des contrôles en Chine entrera en application le 1er mai prochain.