Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Amateur de saxophone, Motonari Otsuru a toujours rêvé de devenir un procureur. Il a passé une vingtaine d’années au parquet de Tokyo. En 2005, il est nommé chef du bureau d’enquêtes spéciales, le service qui a ordonné l’arrestation de Carlos Ghosn. C'est donc un spécialiste de la délinquance en col blanc.
Motonari Otsuru s’était alors engagé à enquêter sur les affaires qui mettent en colère les Japonais qui travaillent dur et perdent leur emploi dans les restructurations. Aujourd’hui, l’avocat de Carlos Ghosn met pourtant toute son expérience d’ancien procureur au service de ce dernier pour lui éviter la prison.
C’est ce qu’il a répété devant le club des correspondants étrangers à Tokyo, mardi 8 janvier : « M. Ghosn est détenu principalement parce qu'il est soupçonné d’avoir abusé de la confiance de l’entreprise Nissan. Et nous avons demandé la tenue de cette audience aujourd’hui, parce qu’en tant qu’avocat de M. Ghosn, nous pensons qu’il n’y a pas de raison de le maintenir en détention. »
L’ancien ténor de la magistrature japonaise s’est fait connaître dans les années de bulles financières japonaises, en faisant arrêter le fondateur du portail internet Livedoor, Takafumi Horie, alors très médiatisé, et le gérant de fonds le plus connu du Japon, Yoshiaki Murakami. Il a la réputation d’être un homme carré.
Motonari Otsuru considère Carlos Ghosn comme quelqu’un de serein, rationnel, concentré - comme lui - sur le fond de l’affaire. Mais de son propre aveu, l'avocat de l'homme d'affaires estime que l'ancien homme fort de Nissan risque de rester en détention jusqu'à son procès, soit pendant encore plusieurs mois.