Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Dans la capitale, des électeurs ont exprimé leur colère après avoir fait face, une nouvelle fois, aux portes closes de leur centre électoral. Et ce sont 5 300 plaintes concernant des allégations de fraudes sur tout le territoire qui ont été reçues par la Commission électorale indépendante, dont 1 700 plaintes concernant Kaboul. La commission électorale invite les électeurs à faire part des irrégularités dont ils ont été témoins.
Arrestations
Soixante personnes ont été arrêtées pour ingérence dans le processus électoral, c’est ce qu’annonce la police aujourd’hui, et quarante de ces arrestations ont eu lieu à Kaboul. Il s’agit de militaires et de civils. Les autorités promettent de prendre des mesures exemplaires à leur encontre. Les talibans eux ont mis leur menace à exécution en perpétrant de nombreuses attaques à travers le pays faisant plus d'une centaine de victimes.
« La pagaille »
Dans les bureaux de vote, les difficultés se sont accumulées : absence de matériel biométrique censé garantir la transparence, des machines défaillantes, des listes électorales absentes, des agents électoraux innovant la procédure de vote. « La pagaille », disent certains. « Ces élections ressemblent à un kichri qoroot », dit un journaliste en référence à un plat afghan qui est composé de riz gluant et de plusieurs autres ingrédients mélangés. C’est une image pour évoquer le grand désordre.
La CEI se défend d'une mauvaise organisation
Aux accusations de manque d’organisation, de mauvaise gestion du scrutin, la Commission électorale indépendante répond : « Nous avions des obstacles qui ne nous ont pas permis d’ouvrir les bureaux de vote à l’heure, ni de les gérer correctement, ni de nommer à temps des employés suffisamment compétents ».
Et la commission pointe du doigt le ministère de l’Education nationale. Celui-ci était chargé de rendre disponibles tous les enseignants du pays afin qu’ils puissent endosser le rôle d’agents électoraux. Le temps manquait pour former tous les agents au système de vérification biométrique a ajouté le chef de cette Commission électorale indépendante qualifiée par certains observateurs incompétentes malgré de la bonne volonté.
La CEI a dû, il est vrai, mettre en place le système de vérification biométrique à la dernière minute. Aucun test pilote n’a pu être réalisé avant la tenue du scrutin. Ce système, plusieurs candidats et partis politiques le souhaitaient pour limiter les fraudes massives qu’ont connues les précédentes élections en Afghanistan.
Des résultats annoncés le 10 novembre
Pour le président afghan, ces élections sont réussies, il s'est adressé à la nation dimanche dans un message vidéo. « En votant, vous avez montré au monde entier votre rejet de la violence, et votre détermination et vous avez prouvé aux talibans que vous ne vous soumettez à personne. »
Il faudra attendre le 10 novembre pour les résultats. Les premiers de l'histoire de l’Afghanistan qui seront donnés dans le cadre d'un scrutin accompagné d'un système de vérification biométrique. Plusieurs partis politiques l’avaient exigé pour limiter les fraudes, toujours massives lors d’élections en Afghanistan.