Inde: les élections au Karnataka ouvrent une brèche pour l'opposition

La défaite du BJP de Narendra Modi aux élections régionales dans l'Etat du Karnataka a insufflé un vent d'espoir dans les rangs de l'opposition à travers le pays. Pour le parti du Premier ministre, qui s'est comme à son habitude impliqué personnellement dans la campagne, ce revers remet en cause son invincibilité. Ce scrutin à aussi mis sous les projecteurs les méthodes controversées reprochées au BJP par ses rivaux, écornant ainsi son image de parti « propre » qu'il tente de cultiver depuis quatre ans.

Avec notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard

Pour le quotidien Hindustan Times, c'est « la première réelle victoire du parti du Congrès sur le BJP depuis quatre ans ». Sur le site de la chaîne NDTV, un membre d'un parti d'opposition détaillait la façon dont le BJP a été battu à son propre jeu lors des élections. De leur côté, les leaders des grands partis régionaux hostiles à la formation nationaliste hindoue du Premier ministre se sont félicités du résultat de ce scrutin.

Le président du parti du Congrès Rahul Gandhi s'en est pris directement à Narendra Modi lors d'une conférence de presse organisée peu après la victoire de son parti, en tandem avec un grand parti régional. Il a déclaré sans mâcher ses mots que M. Modi « incarnait la corruption ! ».

Les accusations de tentative de corruption par le BJP, dont le Congrès affirme détenir des preuves, sont dans tous les cas embarrassantes pour Narendra Modi, qui avait juré de mener une politique propre, à l'inverse de ses prédécesseurs, lors de son arrivée au pouvoir en 2014.

Si la suprématie du parti nationaliste hindou reste quasiment intacte en Inde, la presse indienne s'accorde à dire que le rouleau compresseur BJP a été enrayé par un front commun lors de ce scrutin. Et qu'une brèche s'est ouverte pour l'opposition.

Le chercheur Jean-Luc Racine voit dans cette bataille régionale une esquisse des prochaines élections législatives en Inde : « Le Karnataka était le seul Etat où le Congrès était encore au pouvoir. Si cet Etat tombait, c'était une victoire très significative pour le BJP, un an avant les prochaines élections générales. Et cela a été dit par le chef du parti au niveau national : "avec cette victoire, vous voyez bien que le BJP n'est pas seulement un parti de l'Hindi Belt, de l'Inde du Nord ou de l'Inde centrale. Nous sommes en train de conquérir l'Inde du Sud". Derrière ça, c'est une idée de l'Inde qui est en jeu : l'Inde des nationalistes hindous. Et on sait très bien que si Modi gagne un deuxième mandat l'année prochaine, il risque d'y avoir une radicalisation nettement plus marquée des ultras du nationalisme hindou. »

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