Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
« La sécurité des bureaux de vote n’est pas garantie » disait encore il y a quelques jours un membre de la Commission électorale indépendante. Pourtant, celle-ci a annoncé ce dimanche matin que les élections législatives et régionales auront bien lieu le 20 octobre prochain.
Ces élections se tiendront donc malgré l’impossibilité d’accéder à plus de la moitié du pays, les autorités afghanes ne contrôlant que 40% du territoire. Les forces de sécurité afghanes doivent faire face aux talibans et à l’organisation État islamique qui multiplie ses attaques. 2 242 bureaux de vote sont directement menacés, sur un total de 7 355, selon le ministère de l'Intérieur.
A l’insécurité s’ajoutent des difficultés logistiques. L’enregistrement des électeurs commencera dans deux semaines. Mais le dernier recensement de la population date de 1979. Les autorités afghanes n’ont aucune idée du nombre d’électeurs. Ces derniers doivent s’enregistrer mais doivent au préalable avoir leur « tazkira », la carte d’identité afghane, ce qui n’est pas le cas d’une grande partie de la population.
Le pays compte plus d’un million et demi de déplacés internes qui ont dû fuir en raison du conflit. Plus de deux millions d’afghans, qui avaient fui en Iran et au Pakistan voisin, sont rentrés dans leur pays au cours des trois dernières années. Seront-ils enregistrés à temps pour pouvoir voter ?
Les questions sont nombreuses à quelques mois du scrutin. Et plusieurs observateurs se disent sceptiques quant à la tenue de ces élections.