Réforme constitutionnelle en Chine: Xi Jinping «a franchi la ligne rouge»

Le numéro 1 chinois Xi Jinping, président à vie ? Les députés de l’Assemblée nationale populaire se réunissent le 11 mars dans l’immense Palais du Peuple place Tiananmen pour entériner une réforme historique : une amende constitutionnelle qui abolit la limite de deux mandats présidentiels. La nouvelle règle doit permettre à l’actuel président Xi de se maintenir au pouvoir tant qu’il le souhaite. Un changement de Constitution que certains osent dénoncer, malgré une censure et une pression féroces.

Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt

« On ne pensait pas qu’il oserait modifier la Constitution, mais il l’a fait », peste Li Datong, une ancienne figure de la presse chinoise. L’ex-rédacteur en chef d’un journal d’enquête a publié une lettre ouverte pour s’insurger contre un règne sans limites et sans partage du président Xi Jinping.

« Il a franchi la ligne rouge. Les Chinois de ma génération ont connu le règne de Mao qui jouissait d’un mandat illimité ! Mao est devenu un détestable coupable. Il a causé la mort de millions de Chinois et anéanti les intellectuels. Tyran grâce à sa présidence à vie, Mao a conduit son peuple vers la catastrophe », s’insurge-t-il.

« Les députés sont des marionnettes »

Li Datong fait valoir que Xi fait fi de l’héritage de Deng Xiaoping qui avait limité le mandat à deux termes. Une règle que tous les présidents avaient respectée depuis 1982. Mais il ne pense pas que les 3000 députés s’opposeront à la soif du pouvoir du numéro 1 chinois. Selon lui, « les députés sont des marionnettes, une véritable machine de vote ». « Je pense qu’ils sont pour la plupart opposés au changement de constitution, mais ils se contenteront d’applaudir. Ils n’osent pas s’exprimer », s’inquiète l’ancien journaliste.

La propagande d’Etat fait croire que les « masses » ont appelé « unanimement » à supprimer la limitation du mandat présidentiel. Impossible de le vérifier. La police interdit toute interview dans les rues de Pékin.

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