Tout près de la frontière avec la Birmanie, quelque 40 000 réfugiés rohingyas vivent dans le camp de Kutupalong, l'un des deux camps officiels que compte le Bangladesh. Certains sont là depuis plus de 20 ans, comme Ali Zoher, un professeur d'anglais de 34 ans qui a fui l'Etat birman de l'Arakan en 1992.
« La situation ici, à Kutupalong, est dramatique, explique-t-il. On voit beaucoup de nouveaux réfugiés qui arrivent dans le camp mais personne ne dort à ciel ouvert. Le centre communautaire organise l'hébergement des réfugiés et toutes les écoles sont réquisitionnées. Le gouvernement du Bangladesh a donné son accord pour loger les gens ».
« Dans notre école, nous accueillons les nouveaux arrivants dans deux salles de cours, poursuit Ali Zoher. Tous sont donc logés soit dans les centres d'hébergement, soit dans les écoles. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a également procédé à la distribution de biscuits à haute teneur énergétique. En tout cas, les gens continuent d'arriver mais je suis incapable de vous dire le nombre exact ».
« Il y a beaucoup de nouveaux arrivants, insiste-t-il. En ce moment, des milliers de Rohingyas vivent dans le no man's land à la frontière entre le Bangladesh et la Birmanie, des milliers d'autres ont pu rejoindre les camps de réfugiés officiels et d'autres sont logés dans les camps improvisés. Je ne peux pas vous dire le chiffre exact, mais je dirais qu'ils sont plus de 10 000. Il y a de nombreux points de passage à la frontière, et parmi eux, il y en a trois à proximité de Tombro Gumdum où des milliers de réfugiés vivent dans des camps improvisés. Les gens sont très déprimés ici, il y a beaucoup de tristesse dans les regards. Vous savez, j'ai été témoin de beaucoup de violence en 1992, en 2012, 2015 et aujourd'hui en 2017. Je n'arrive vraiment pas à vous dire ce que je ressens. Pour comprendre et réaliser ce qu'il se passe, il faut être ici et voir les gens. »
Heurts entre armée et insurgés
Les heurts entre l'armée birmane et les insurgés rohingyas se poursuivent dans de nombreux villages isolés. Un couvre-feu est en vigueur à Maungdaw, la grande ville du nord de l'Etat de l'Arakan.
Sous la pression internationale, le gouvernement de Rangoun a déclaré ce 29 août qu'il ferait preuve d'un maximum de retenue dans les prochains jours, mais a souligné son droit à défendre le pays contre les attaques terroristes.
Compte tenu de la difficulté à travailler dans la région, les organisations n'arrivent toujours pas à établir le nombre de réfugiés bloqués à la frontière côté birman, mais ils seraient environ 6 000, selon plusieurs estimations.
Au Bangladesh, les autorités ont renforcé les patrouilles pour tenter de freiner l'afflux de réfugiés. Le pays a accueilli ces dernières années quelque 400 000 réfugiés rohingyas qui ont fui les persécutions et les violences dans l'Etat birman de l'Arakan.