Alors que les combats ont repris depuis vendredi dans le nord de l'Etat de l'Arakan, entre l'armée birmane et les insurgés de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan - un groupe connu seulement depuis octobre -, HRW s'étonne des accusations proférées par le gouvernement de Birmanie contre l'action des ONG sur le terrain. Et d'en appeler à une réaction de la femme forte du pays.
« Je crois qu'Aung San Suu Kyi n'est que partiellement informée sur la situation dans l'Arakan, estime Phil Robertson, directeur adjoint pour l'Asie à Human Rights Watch. Je ne sais pas si ses sources sont uniquement militaires ou si les informations proviennent d'un petit groupe de conseillers ; il semblerait en tout cas qu'on ne lui donne que des informations parcellaires. »
« Je ne saisis pas bien ce qu'est la stratégie du gouvernement birman »
Sur le terrain, concède le représentant d'HRW, « il est clair que nous avons affaire à un groupe d'insurgés ». « On ne peut pas ne pas condamner les attaques contre des civils, mais une chose est sûre : nous avons assisté à la transformation d'un mouvement globalement pacifique des Rohingyas, qui demandent le respect de leurs droits, en un groupe armé. »
« Dans ce contexte, conclut Phil Robertson, je ne saisis pas bien ce qu'est la stratégie du gouvernement birman. Il semblerait que l'armée ait obtenu l'autorisation de pénétrer dans ces zones et de se livrer à une stratégie de la terre brûlée, sans faire de différence entre les civils et les insurgés, et de faire fuir un maximum de personnes en commettant des actes de violence. Cela doit cesser. »
Les Nations unies rappellent le gouvernement de Rangoun à ses devoirs
Lors des dernières 72 heures, au moins 3 000 Rohingyas, dont nombre de femmes et d'enfants, sont passés au Bangladesh voisin, selon le décompte des Nations unies. Ils sont venus s'ajouter aux plus de 400 000 personnes déjà passées de l'autre côté. Le secrétaire général de l'ONU se dit « profondément préoccupé » par la mort de civils lors d'opérations sécuritaires.
Dans un communiqué publié à New York par son porte-parole, Antonio Guterres rappelle par ailleurs que les autorités de Rangoun doivent « assurer la sécurité de ceux qui en ont besoin et leur fournir de l'aide ». Considérés comme des étrangers dans un pays bouddhiste à plus de 90 %, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent en Birmanie depuis des générations.
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