Rohingyas: le risque d’une «radicalisation»

Une commission internationale dirigée par l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a appelé jeudi la Birmanie à donner plus de droits à sa minorité musulmane des Rohingyas, faute de quoi elle risque de « se radicaliser ».

« A moins que des solutions aux problèmes soient trouvées rapidement, il y a un vrai risque de radicalisation au sein des deux communautés », musulmane et bouddhiste, souligne le rapport final de cette commission inédite formée en 2016 à la demande de la chef de la diplomatie birmane, l'ex-opposante Aung San Suu Kyi.

Ce rapport a été salué jeudi par les ONG de défense des droits de l'homme.

Des violences meurtrières ont éclaté ces dernières années en Etat Rakhine, région de l'ouest de la Birmanie à majorité musulmane dans un pays largement bouddhiste, marqué par l'influence de moines radicaux qui dénoncent les musulmans comme une menace.

« Si le mécontentement de la population est ignoré, ils seront plus facile à recruter pour les extrémistes », prévient la commission Annan. Des groupes de « terroristes » rohingyas, selon les autorités birmanes, ont lancé des attaques meurtrières contre des policiers à l'automne 2016, suivies par un durcissement de l'armée dans la région, avec incendies de villages et fuite massive de Rohingyas vers le Bangladesh voisin.

Les autorités « ont fait empirer la situation »

« Depuis un an, le gouvernement birman a esquivé toute critique en disant "nous devons attendre de voir ce que dit le rapport", au lieu d’agir, regrette de son côté Mark Farmaner, le directeur de l’ONG Burma Campaign UK. Ils ont fait empirer la situation, les médias birmans sont en ce moment remplis d’articles sur "les terroristes Rohingyas", sur des immigrants bangladais qui sont des terroristes et qui mettent en place des camps d’entraînement… Ils exacerbent la tension et la peur, ce qui laisse augurer de nouvelles violences contre les Rohingyas. »

La commission appelle aussi le gouvernement à « assurer la liberté de mouvement pour tous, quelle que soit leur religion, leur ethnicité ou leur citoyenneté », insiste le rapport. La situation est particulièrement difficile pour les 120 000 musulmans vivant dans des camps de déplacés en Etat Rakhine, d'où ils ne peuvent sortir qu'au compte-goutte, sur laisser-passer.

La commission insiste sur la nécessité de « fermer tous les camps de déplacés » et de proposer des solutions alternatives décentes pour ses habitants, qui ont fui leurs villages - et leurs voisins bouddhistes -, la plupart après les violences meurtrières interreligieuses de 2012.

(Avec AFP)

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