Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aucun mécanisme légal n'est prévu pour permettre aux empereurs du Japon de prendre leur retraite quand bon leur semble. L'empereur Akihito pourra prendre la sienne, mais il n'obtient pas du Premier ministre Shinzo Abe que ses successeurs, les futurs souverains, puissent eux aussi se retirer du pouvoir.
Au Japon, depuis l'époque Meiji (entre 1868 et 1912) et l'ouverture du Japon sur le monde exterieur, l'empereur reste un être à part. Il ne lui est reconnu aucun des droits accordés à ses sujets, comme la liberté d'expression. Il n'a même pas le droit de renoncer au trône quand il est souffrant.
Séculariser l'institution impériale
Même s'il n'est plus divinisé, comme le fut son père Hirohito, le libéral, pacifique et moderne empereur Akihito est toujours considéré dans le shinto - la religion première des Japonais - comme une sorte de pape du pays.
Le Japon est un Etat laique, mais la droite conservatrice veut que l'institution impériale reste le lieu sacré où se fonde le pouvoir politique. En forcant le gouvernement à adopter une loi spéciale pour lui permettre d'abdiquer, l'empereur Akihito, simple symbole de l'Etat aux termes de la Constitution, parvient néanmoins à humaniser la monarchie japonaise, à la mettre en accord avec son temps.