De notre correspondant à New Delhi,
L'agression collective de dizaines de femmes sorties dans les rues du centre de Bangalore, dans le sud de l'Inde, pendant la nuit du réveillon a été l'élément déclencheur pour l'agence de publicité indienne. Des hommes ont attaqué ces femmes en tenues de soirée, en touchant leurs parties intimes avant de repartir et de disparaître dans la foule. Ce qui a frappé l'opinion, c'est que cela ait pu arriver en plein centre d'une ville cosmopolite, en présence de milliers de personnes et de centaines de policiers et que l'on n'ait rien pu faire pour l'empêcher.
Une dénonciation de la passivité...
D'où l'idée de reprendre ce mannequin challenge et d'en faire une vidéo. Le concept est de voir des personnes immobilisées dans une action, comme gelés... or, la scène tournée par l'agence de communication Autumn, reprend ce modèle pour le détourner. Elle montre d'abord des gens immobilisés dans la rue, mais tous sont bizarrement tournés vers une seule scène. Ils regardent en fait deux hommes qui sont en train d'agresser une femme, bien en mouvement et avec violence. Puis la bagarre s'arrête, et la femme, choquée, traumatisée, sort une affiche où il est écrit : « Il y avait 60 000 personnes dans le centre de Bangalore la nuit du réveillon. 1 000 étaient probablement des agresseurs ; les 59 000 autres étaient donc des mannequins ». Et de conclure : « Ne soyez plus un mannequin ». Une manière de retourner ce concept viral pour inciter les passants à défendre des femmes qui se font agresser en pleine rue.
...qui a fait des émules
En effet, un site d'information appelé The Quint a réalisé une autre vidéo sur un modèle similaire. Cette fois, la caméra se promène et s'arrête devant plusieurs scènes figées d'agressions de femmes, qu'elle soient habillées en tenue de soirée ou simplement en train de sortir de leur voiture. Et là une voix beaucoup plus directe est entendue. Elle lit le message qu'une jeune femme a publié sur Facebook au début du mois, après le même incident de Bangalore.
Cette personne raconte toutes les fois où elle, ou d'autres, ont été agressées dans une boîte de nuit, dans un bus, ou dans leur propre maison, violées par un oncle. Et de conclure, ironiquement que sa sécurité est malgré tout censée être de sa responsabilité, comme le disent beaucoup de machistes indiens. Une manière de dénoncer encore une fois que la société a abandonné les femmes quand personne n'est là pour les défendre dans l'espace public ou les protéger dans leur propre maison.