Japon: visite polémique de la ministre de la Défense au sanctuaire de Yasukuni

La ministre japonaise de la Défense, Tomomi Inada, s’est rendue au sanctuaire de Yasukuni, à Tokyo, ce jeudi 29 décembre. C’est le symbole du militarisme japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce déplacement risque de ternir le discours de paix et de réconciliation tenu la veille par le Premier ministre Shinzo Abe à Pearl Harbor, 75 ans après l’attaque surprise japonaise de la base navale américaine.

Avec notre correspondant à TokyoFrédéric Charles

La ministre japonaise de la Défense s’est rendue au sanctuaire de Yasukuni, où sont honorés parmi les morts pour la patrie 14 criminels de guerre dont le général Hideki Tōjō, qui ordonna l’attaque sur Pearl Harbor.

« Cette année, le président du pays qui a largué des bombes atomiques (sur le Japon) a visité Hiroshima. Hier (mercredi), le Premier ministre japonais s'est exprimé à Pearl Harbor pour apaiser les esprits des défunts », a rappelé la ministre, vêtue de noir.

« En regardant vers l'avenir, j'offre mes prières pour bâtir la paix au Japon et dans le monde », a-t-elle ajouté, même si le choix d'un pèlerinage au Yasukuni est au contraire vu par les voisins asiatiques comme une provocation.

La Corée du Sud et la Chine condamnent

La ministre de la Défense Tomomi Inada est une protégée du Premier ministre Sinhzo Abe, qui la considèrerait comme un successeur potentiel. Tomomi Inada est membre de l’organisation ultranationaliste nippon Kaigi, très influente au sommet de l’Etat. La ministre multiplie les positions révisionnistes. Elle nie, par exemple, le massacre de Nankin.

La visite de Tomomi Inada à Yasukuni risque de choquer ceux qui ont cru à Pearl Harbor en la sincérité du message de paix et de réconciliation tenu par le Premier ministre Shinzo Abe, lui-même considéré comme un nationaliste et un révisionniste.
La Corée du Sud a condamné la visite de la ministre à Yasukuni, et Shinzo Abe s’est refusé à tout commentaire.

Ce geste a aussitôt été condamné par la Chine. Il « reflète non seulement la perception obstinément erronée de l'histoire par certains au Japon, mais il apparaît aussi profondément ironique après le soi-disant voyage de réconciliation à Pearl Harbor », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Hua Chunying.

La Corée du Sud a par ailleurs fait part de sa « vive préoccupation ». « Le Japon ne pourra gagner la confiance de ses voisins et de la communauté internationale que quand ses dirigeants (...) feront acte de remords sincères », a souligné le gouvernement.

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