Philippines: enquête sur un maire tué dans sa cellule

Aux Philippines, en cinq mois, la guerre contre la drogue du président Rodrigo Duterte a fait plus de 5 000 morts, dont de nombreuses exécutions extrajudiciaires. Selon le NBI - l’équivalent local du FBI -, ce serait le cas de la mort du maire de la ville d'Albuera, tué dans sa cellule le mois dernier. La police affirme avoir agi en état de légitime défense, mais pour les enquêteurs qui rendaient leur rapport ce mardi, il s’agit bien d’un meurtre.

Nous sommes le dimanche 7 août 2016 : Rodrigo Duterte lit à la télévision une liste de 160 responsables philippins - juges, maires, parlementaires - impliqués selon lui dans le trafic de drogue. Le président les menace. Rolando Espinosa figure sur la liste, il craint pour sa vie. Quelques semaines plus tard, le maire d’Albuera se rend.

Pendant son séjour en prison, les forces de sécurité mènent une descente chez lui et tuent six de ses gardes du corps. Espinosa sera lui-même tué le 5 novembre avec son codétenu pendant une fouille de la police, qui affirme avoir tiré en état de légitime défense : les deux hommes étaient armés, de la drogue a été retrouvée. Une version battue en brèche par les expertises et les témoignages réunis par les enquêteurs du ministère de la Justice, qui demandent aujourd’hui l’inculpation de 24 policiers pour meurtres et parjure.

Mais Rodrigo Duterte s’est engagé à plusieurs reprises à protéger les policiers participant à sa guerre contre la drogue. Et si le chef de la police avait rapidement suspendu le responsable du raid dans la prison, le président l’avait immédiatement rétabli dans ses fonctions.

Espinosa est le second responsable philippin figurant sur la liste de Duterte à être tué par les forces de sécurité. Un autre maire avait été tué huit jours auparavant à un check-point lors d’un contrôle de police.

Partager :