Avoir deux parlementaires indépendantistes était une petite révolution pour les habitants de Hong Kong, explique notre correspondante à Pékin, Elodie Goulesque. Mais Yau Wai-ching et Baggio Leung ont dépassé la ligne rouge aux yeux des autorités chinoises. Elus en septembre, ils auraient pourtant dû faire leur entrée au parlement local hongkongais il y a quelques semaines déjà.
Sauf qu'à leur arrivée au parlement, les deux élus ont prononcé leur serment armés d'une bannière proclamant que « Hong Kong n'est pas la Chine », et ont refusé de prononcer correctement le mot « Chine » pendant leur prestation. Or, tous les parlementaires doivent reconnaître la Loi fondamentale de 1997, appliquant le principe « un pays, deux systèmes » qui définit les relations Pékin-Hong Kong.
Résultat : le Conseil législatif, parlement local de cette ville qui jouit en Chine d'un statut particulier depuis sa rétrocession par Londres, est en ébullition depuis trois semaines. Cette crise constitutionnelle et l'annonce de l'intervention de Pékin - qui a devancé une décision de la Cour suprême de Hong Kong -, ont même généré de nouvelles manifestations de milliers de personnes dimanche 6 novembre.
En soirée, la police hongkongaise a dû utiliser du gaz pour disperser quelques centaines de personnes, qui tentaient de forcer le cordon de sécurité autour du bureau de liaison chinois, représentation de Pékin sur place. Comme à l'automne 2014, des participants ont alors utilisé leurs parapluies pour se protéger des gaz, certains jetant de l'eau et des bouteilles en plastique sur les forces anti-émeute.
Qu'à cela ne tienne, les deux élus ne pourront pas siéger. Car l'Assemblée nationale populaire (ANC, Parlement national) a décidé, dans une interprétation de la Loi fondamentale de Hong Kong rendue ce lundi, qu'un serment qui ne respecte pas la Constitution de cette ancienne colonie britannique, revenue dans le giron de Pékin en 1997, « doit être invalidé et ne peut être re-prononcé ».
Le chef du gouvernement local, Leung Chun-ying, a ensuite assuré qu'il « mettrait en œuvre complètement cette interprétation ». « Les mots, les actions qui violent délibérément (...) la procédure de prestation de serment, ou même qui en profitent pour insulter le pays et le peuple chinois et prôner la sécession, doivent prendre fin », a-t-il fait valoir.
Ce lundi, le quotidien Global Times, voix du Parti communiste, rappelle que les opposants hongkongais ne doivent pas oublier que c'est Pékin qui a et aura toujours le dernier mot. Et de fait, aujourd'hui, Yau Wai Ching et Baggio Leung n'ont plus les moyens de faire entendre leurs idées au Conseil législatif de Hong Kong.
Avec agences