Chine: les pro-démocratie de Hong Kong ont craint d'avoir perdu Joshua Wong

Le jeune opposant hongkongais Joshua Wong est rentré à Hong Kong mercredi 5 octobre 2016, après avoir été interdit d’entrée en Thaïlande où il devait participer à un forum et rencontrer des étudiants pendant son séjour de deux jours à Bangkok, à l’occasion du 40e anniversaire du massacre de Thammasat, une révolte étudiante qui avait été réprimée dans le sang en 1976. Selon le parti de Joshua Wong, Demosisto, en l’empêchant de rentrer dans le pays, la junte thaïlandaise s’est alignée sur les consignes de Pékin.

De notre correspondante à Hong Kong,

Dès l’annonce, mercredi matin, de la disparition de Joshua Wong alors qu’il était aux mains de la police thaïlandaise, les réseaux sociaux ont imaginé le pire, notamment qu’il ait pu « avoir été disparu », l’expression consacrée depuis la disparition de plusieurs libraires et éditeurs de Hong Kong.

Une crainte d’autant plus légitime que le seul des cinq libraires qui ne soit toujours pas revenu, Gui Minhai, a été enlevé en Thaïlande précisément, et remis à la police de Chine continentale ensuite.

Joshua Wong était le hashtag le plus utilisé mercredi à Hong Kong sur Twitter. La tension est retombée quand on a appris que l’étudiant était sur un vol pour rentrer à Hong Kong. On n’était donc pas dans ce scénario du pire. Et les réseaux sociaux se sont un peu calmés.

Sur la page Facebook du Apple Daily, le quotidien local le plus ouvertement pro-démocratie, la conférence de presse de Joshua Wong de mercredi soir a été vue 197 000 fois et est accompagnée de plus de 1 000 commentaires. Des soutiens et des encouragements principalement, y compris de nombreux Thaïlandais.

Une crainte des autorités thaïlandaise ?

Sur Initium Media, un nouveau média en ligne en chinois qui a pour vocation de faire de l’information non partisane de qualité, les 12 heures de détention de Joshua Wong telles qu’il les a décrites par le menu sont reprises. Joshua Wong a notamment déclaré que cette arrestation a été 10 ou 20 fois pire que les quatre ou cinq arrestations qu’il a déjà subies à Hong Kong.

Sur les sites du South China Morning et de Hong Kong Free Press, ce sont aussi les articles liés à cet incident qui sont les plus lus et les plus commentés. Et ce qui revient dans les commentaires en ligne, c’est un certain sarcasme.

Qu’une junte militaire soit en effet effrayée par un étudiant de 19 ans montre que ce que redoute surtout la junte, c’est que Joshua fasse des émules en Thaïlande. Si un étudiant peut tenir tête à Pékin, un autre pourrait avoir l’idée d’en faire autant face à la junte du général.

Une chose est sûre : cet incident aura été un formidable coup de promotion pour le jeune activiste, dont la tournée en Thaïlande serait globalement passée totalement inaperçue si la junte thaïlandaise n’avait pas cédé aux pressions de Pékin. Il a affirmé d'ailleurs qu'il se doutait qu’il serait arrêté à la frontière.

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