UE: les réfugiés afghans qui se sont vu refuser l’asile vont être expulsés

L'Europe va renvoyer dans leur pays 80 000 réfugiés afghans qui se sont vu refuser l'asile : des expulsions sur la base du volontariat, ou pas. Un accord a été signé en marge de la conférence de Bruxelles le 2 octobre entre l'Union européenne (UE) et les autorités afghanes.

Avec notre correspondante à Kaboul

A ce jour, aucun réfugié n'a été expulsé en Afghanistan dans le cadre de cet accord. Certains s'attendent à ce que les premiers charters arrivent en fin de cette semaine, fin octobre. Dans chaque avion en provenance des pays de l'Union européenne, il ne devrait pas y avoir plus de cinquante réfugiés.

C'est une clause stipulée dans le texte. Mais, si, dans le texte, est également mentionnée la construction d'un terminal dédié au retour d'Europe des réfugiés, il n'en est rien dans les faits. Les Afghans expulsés après que leurs demandes d'asile ont été rejetées en Europe devraient atterrir à l'aéroport international de Kaboul.

En Afghanistan, l’accord continue de diviser. Il ne faisait déjà pas l'unanimité dans la classe politique avant sa signature. Rappelons d'ailleurs qu'il n'a pas été signé par le ministre afghan des Réfugiés et des rapatriés mais par sa vice-ministre. Sayed Balkhi a refusé de parapher le texte, tout comme il avait refusé de signer des textes annexes sur le sujet, que l'ambassadeur d'Allemagne en Afghanistan était venu récupérer fin septembre 2016 au palais présidentiel à Kaboul. Celui-ci a rapporté avoir entendu un vif échange entre le président Ashraf Ghani et son ministre avant de repartir les mains vides. Sayed Balkhi n'a de cesse de réclamer à l'Europe de mettre fin aux expulsions forcées et de permettre l’enregistrement de tous les réfugiés afghans.

En Afghanistan, rien n’est prévu pour l’accueil des réfugiés

De nombreuses ONG et associations de défense des droits de l'homme dénoncent un accord irresponsable. Selon elles, le texte permet de renvoyer des milliers de personnes dans un pays dangereux. Mais l'Union européenne estime que certains endroits dans le pays ne le sont pas. Pourtant selon l'ONU, depuis le début de l'année, 2 600 civils ont été tués dans des attaques suicide ou des combats. Et puis, certaines associations pointent du doigt le fait que certains réfugiés sont expulsés dans un pays qu'ils ne connaissent absolument pas. Beaucoup sont, en effet, nés dans des camps de réfugiés en Iran ou au Pakistan d'où ils sont directement partis pour l'Europe.

Concrètement rien n’est prévu pour l'accueil des réfugiés à leur arrivée en Afghanistan. Si le gouvernement incite ses ressortissants à rentrer au pays, les moyens mis en place pour leur accueil sont inexistants et le gouvernement afghan doit déjà faire face à l'afflux massif de réfugiés en provenance des pays voisins : en septembre, 100 000 Afghans sont rentrés du Pakistan. Et chaque jour, près de 5 000 personnes franchissent ainsi la frontière.

Le retour massif s'opère aussi depuis l'Iran et puis il faut aussi prendre en compte tous les déplacés internes, plus de 260 000 Afghans. Nombre d'entre eux ont fui leur maison suite aux combats entre les talibans ou autres groupes armés et les forces gouvernementales.

Les autorités afghanes disent travailler à un projet de réintégration, mais en attendant, rien n'est mis en place.

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