A Pékin, Duterte veut «ouvrir une époque d'amitié» avec la Chine

Il y a trois mois encore, Pékin et Manille étaient à couteaux tirés à cause d’un différend maritime en mer de Chine méridionale. Aujourd’hui, Pékin déroule le tapis rouge au président philippin. Ce jeudi, Rodrigo Duterte doit rencontrer le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang. Le président philippin a opéré un revirement spectaculaire, en tournant le dos à son allié traditionnel américain pour s’attirer les faveurs de son voisin.

Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt

Le temps où Rodrigo Duterte voulait prendre son jet-ski et aller sur le récif disputé de Scarborough Shoal pour y planter le drapeau philippin est résolument révolu.

« Moi je dirais, reportons ça à une autre fois », a lancé le président avec un sourire mielleux, comme dans cette interview diffusée par la télévision d’Etat chinoise : « C’est un défi crucial pour ma présidence d’ouvrir une époque d’amitié, de coopération et d’amélioration des relations entre nos deux pays. Nous devons faire disparaître les points noirs. Je veux établir des liens plus forts entre les Philippines et la Chine. Le seul espoir économique des Philippines c’est la Chine. Pour être franc avec vous : nous avons besoin de votre aide. »

Ce revirement tonitruant est évidemment apprécié en Chine. Mercredi, Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a salué  l'avancée vers une résolution du différend « par la consultation et le dialogue ».

Des dizaines de contrats

Les Philippines sont l'un des plus fidèles alliés de Washington en Asie. Les deux pays sont liés par un traité de défense mutuelle. Mais depuis son entrée en fonctions fin juin, Rodrigo Duterte s'emploie à bouleverser la politique étrangère de son pays pour le tourner vers la Chine et la Russie. Il a plusieurs fois vivement critiqué Washington et le président Barack Obama, a annulé des patrouilles communes avec les Etats-Unis en mer de Chine méridionale et répété qu'il n'y aurait plus d'exercices militaires conjoints avec les Américains.

Le président philippin et les 300 hommes d’affaires de sa délégation devraient repartir avec des dizaines d’accords de coopération dans leurs bagages, et l’assurance que bananes, mangues et ananas pourront à nouveau franchir la frontière chinoise.

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