Leila de Lima avait initié la commission d’enquête sénatoriale le mois dernier, alors que plus de 2 000 drogués ou dealers supposés avaient déjà été assassinés depuis l’investiture de Rodrigo Duterte le 30 juin. L'ancienne ministre de la Justice a alors dû faire face à un torrent de menaces et de tentatives d’intimidations de la part du président philippin et d’autres responsables gouvernementaux, rapporte Human Rights Watch, qui cite Rodrigo Duterte : « Si j’étais De Lima, mesdames et messieurs, je me pendrais ».
La semaine dernière, la commission a entendu un témoignage explosif : celui d’un homme se présentant comme un tueur repenti, accusant le président d’avoir lui-même tué un enquêteur du ministère de la Justice dans les années 90. Mensonge a aussitôt affirmé le gouvernement. Quatre jours après, Leila de Lima est poussée vers la sortie par les sénateurs partisans de Duterte, qui l’accusent de partialité et affirment que son enquête « nuit à l'image de l'archipel ».
La commission elle-même a été entièrement refondue. Le 19 septembre, le président Philippin affirmait, dans son style habituel : « il peut y avoir un millier d’enquêtes, Ban Ki-moon peut venir, je n'en ai rien à foutre. Je ne m’arrêterai pas avant que le dernier dealer ait été exterminé ». Rodrigo Duterte a demandé ce week-end une prolongation de six mois de sa guerre contre la drogue.