Avec notre envoyé spécial à Bruxelles, Christophe Paget
Lorsqu'il s'est rendu à Londres il y a deux ans pour la conférence précédente, Ashraf Ghani venait d'être élu président. Aujourd’hui, l'heure est au bilan.
Sur le plan politique, celui-ci est loin d’être convaincant. D’abord, Ashraf Ghani ne s'entend absolument pas avec celui qui était son rival lors de la présidentielle, Abdullah Abdullah, qui occupe le poste de « chef de l'exécutif ». De plus, il n'y a pas eu d'élections depuis 2014, les élections parlementaires étant sans cesse repoussées. Une annonce ce jeudi 6 octobre d'une réforme du code électoral serait donc perçue comme un signe positif par la communauté internationale.
En ce qui concerne le bilan économique, le pays va mal. L'Afghanistan est toujours sous perfusion des bailleurs de fonds et le départ de l'essentiel des forces internationales du territoire, il y a deux ans, a fait éclater une bulle spéculative. Toute l'économie engendrée par leur présence s'est effondrée.
Enfin, pour ce qui est de la situation sécuritaire, l'armée afghane, qui est désormais quasiment seule, tient bon. Cependant, les talibans multiplient les attentats et occupent plus du tiers du pays, où l'organisation Etat islamique a fait son apparition.
Ashraf Ghani va devoir montrer patte blanche
Pour faire face à ce bilan, le président afghan va devoir se montrer très positif, en parlant notamment des réformes qu'il a entreprises et de celles qu'il met en chantier. Ashraf Ghani doit absolument sécuriser l'aide de 4 milliards de dollars annuelle qui lui avait été promise en 2012 à Tokyo, et qui devrait normalement être reconduite ce mercredi à Bruxelles jusqu'en 2020.
Cependant, les donateurs de la conférence entendent bien aborder la question de l'utilisation de cette aide. En effet, un rapport présenté mardi à Bruxelles par l'ONG Transparency International, qui donne des pistes très précises au gouvernement afghan pour lutter contre la corruption, rappelait que tous les huit milliards de dollars d'aide, un milliard disparaitrait à cause de la corruption.
Enfin, cette conférence de Bruxelles abordera le dossier des migrants afghans qui cherchent à se rendre en Europe. Lundi, l'Union européenne a annoncé un « arrangement » avec le gouvernement de Kaboul pour faciliter notamment les retours des Afghans déboutés de l'asile. Mais l'ONG Amnesty International tient à mettre en garde tous les donateurs : le soutien des Occidentaux ne doit « pas être conditionné » à la réadmission de migrants afghans en Afghanistan.