Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Quatorze portraits sont affichés sur l'un des murs des locaux de MSF à Kaboul. Ce sont les employés de l'ONG tués il y a un an dans le bombardement de l'hôpital de Kunduz. A quelques pas, sur un tableau, sont inscrits les noms des 24 patients tués, eux aussi des civils. « Ahmad avait 7 ans, Amina 12 ans, Fawad 8 ans... ».
Guilhem Molinie, le représentant de MSF en Afghanistan, est encore sidéré par les résultats d’une partie du rapport d'enquête de l'armée américaine. « Ce que l’on a appris, dit-il, c’est qu’un hôpital pouvait devenir un objectif d’une action militaire, que la ville entière de Kunduz était perçue comme hostile par les unités des forces spéciales américaines, et que finalement le concept de self-défense était tellement étendu qu’il permet d’attaquer préventivement. »
Kunduz montre que les règles de la guerre ont changé, ce dont s'inquiète la présidente de l'ONG, Meinie Nicolai. « On voit ces dernières années un changement avec de moins en moins de respect pour les cibles civiles, pas seulement pour les hôpitaux, mais les marchés, des écoles, etc. Les règles de guerre sont devenues opaques », souligne la responsable.
Depuis un an, les attaques contre les structures médicales se sont intensifiées. MSF en a comptabilisé 77 contre ses établissements au Yémen, et en Syrie.
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