De notre correspondante à Pékin,
Sauvons la Grande Muraille ! C’est l’appel lancé aux quelque 700 millions d’internautes chinois. Pas besoin de remplir un chèque ; un clic sur son smartphone suffit, via la fonctionnalité « portefeuille » de l’application ultra populaire Wechat. Chaque Chinois peut ainsi aider à financer la rénovation de la Muraille, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Il y a de quoi faire : les fortifications censées protéger l’Empire contre l’invasion mongole sont en piètre état, et pas seulement à cause de l’usure du temps, mais aussi à cause du vol de pierres. Des photos pour le moins surprenantes circulent sur les réseaux sociaux : on y voit des touristes qui partent avec une brique sous le bras comme souvenir, ou bien des villageois des alentours qui construisent leurs maisons avec ces mêmes briques millénaires.
Les Chinois peu enthousiastes
Début septembre, la Fondation pour la protection du patrimoine a donc lancé une opération de financement participatif. Cela se passe sur la plateforme de Tencent, l’un des géants de la Toile chinoise. En un mois, 71 000 internautes ont donné en tout 120 000 euros. L’initiative ne rencontre donc pas vraiment un succès fou. On est encore loin de l’objectif : récolter 1,5 million d'euros d’ici à la fin novembre 2016. Des fonds qui sont destinés à restaurer une section à Xifengkou, dans le nord-est du pays.
Si les Chinois se montrent si peu enthousiastes c’est qu’ils ont du mal à faire confiance : « Nos donations iront directement dans les poches de ceux qui les collectent », soupçonne un internaute, et un certain Roger24 constate : « Les billets d’entrée que nous avons payés servent à financer l’entretien de la Muraille, j’ai donc déjà payé ».
D’autres évoquent la malheureuse rénovation de l’une des plus belles parties de la Grande Muraille qui fait scandale : des photos postées sur la Toile montrent les vieilles pierres de Xiahekou couvertes d’une épaisse couche de béton. « Les cerveaux de nos officiels sont remplis de ciment », se moque Xiao Hao, et un compatriote lance : « Le premier empereur est certainement en train de pleurer dans son tombeau impérial. »