Des élections législatives cruciales pour les localistes de Hong Kong

Près de quatre millions de Hong-Kongais sont appelés aux urnes aujourd'hui. Ils doivent renouveler les 70 sièges du Parlement. C'est la première échéance électorale depuis le « mouvement des parapluies » en 2014, qui avaient fait sortir dans les rues des dizaines de milliers de personnes, principalement des jeunes, qui réclamaient plus de démocratie. Ceux qu'on appelle les « localistes » savent que le Parlement est le seul contre-pouvoir face à un exécutif favorable à Pékin.

Ces élections vont permettre de mesurer le poids électoral des militants du mouvement des parapluies. Cette nouvelle génération d'activistes politiques défend une rupture radicale avec la Chine, mais leur mouvement pacifiste n'avait obtenu aucune concession de la part de Pékin en 2014. « Le fait que le mouvement des parapluies n'ait eu aucune traduction politique, aucune concession de la part du gouvernement, a évidemment convaincu une grande partie des jeunes que la stratégie non violente, que la stratégie qui avait été celle des démocrates, n'était pas très efficace. Malgré les 79 jours du centre de la ville, il n'y a eu aucune concession de la part du gouvernement de Hong Kong ni de la part de Pékin », rappelle le sinologue Jean-Philippe Beja, chercheur au Ceri-Sciences Po.

Ils sont une vingtaine à représenter le mouvement pour ces élections sur près de 300 candidats, un nombre record. Mais pour se présenter, la commission électorale a obligé tous les candidats à signer une déclaration selon laquelle Hong Kong est une partie « inaliénable » de la Chine.

Six militants du mouvement des parapluies ont été interdits de candidater pour ces élections, à cause de leur posture indépendantiste, selon la commission électorale locale.

Sur les 70 parlementaires hongkongais, seuls 35 membres sont élus au suffrage universel. Mais l'enjeu est important, le conseil législatif est le principal rempart démocratique face à un exécutif favorable à Pékin.

Après l'échec du mouvement des parapluies en 2014, les militants se tournent désormais vers un engagement politique plus conventionnel, qui passe donc par les urnes. « Aujourd'hui, on assiste à une relève des générations. Les anciens démocrates qui se sont battus pour obtenir cette identité hongkongaise et maintenir cette spécificité sont considérés par les jeunes comme des gens qui sont passés. Dix-sept candidats ont moins de 35 ans. Il y a pas mal de "pan-démocrates" là-dedans, il n'y a pas que des localistes. C'est surtout le fruit d'un dégout, d'un manque de confiance dans le système de l'autonomie accordée par la Chine », précise Jean-Philippe Beja.

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