Rébellion maoïste aux Philippines: ouverture de discussions de paix en Norvège

Ce lundi 22 août 2016 en Norvège commencent des discussions de paix entre le gouvernement philippin et la rébellion maoïste, l'une des plus anciennes d'Asie. Le conflit aurait fait 30 000 morts depuis la fin des années 1960. Le président Duterte, élu en mai, entend y mettre un terme. Il y a quelques jours, il a d'ailleurs libéré des rebelles maoïstes pour qu'ils puissent participer aux négociations. Manille se donne un an pour parvenir à un accord.

Pendant la campagne présidentielle, Rodrigo Duterte avait promis d'en finir avec toutes les insurrections aux Philippines. Il y a une dizaine de jours, les pourparlers de paix ont repris avec le plus important groupe rebelle musulman du pays, le Front moro islamique de libération, alors qu'en près de cinquante ans, les combats contre les groupes rebelles musulmans ont fait 120 000 morts et 2 millions de déplacés. Et à la fin du mois de juillet, M. Duterte avait annoncé un cessez-le-feu unilatéral avec la rébellion communiste, l'une des plus vieilles de toute l'Asie. Là, ce sont 30 000 personnes qui ont perdu la vie depuis la fin des années 1960.

Cette proposition de cessez-le-feu n'a tenu que quelques jours. Rodrigo Duterte l'a retirée après la mort d'un milicien gouvernemental dans une attaque rebelle. Mais les deux parties avaient rapidement répété que malgré tout, elles reprendraient comme prévu les pourparlers de paix au mois d'août. Un succès dans ces discussions de paix serait bienvenu pour M. Duterte sur la scène internationale, car la politique du « tirer pour tuer » qu'il a mise en place contre les trafiquants dès son arrivée au pouvoir, suscite de plus en plus de critiques. Deux experts de l'ONU ont encore souligné jeudi dernier qu'elle revenait à de l'incitation à la violence et au meurtre, et tombait sous le coup de la loi internationale.

Les maoïstes exigent des réformes économiques et sociales aux Philippines

Avec les pourparlers qui s'engagent, le nouveau gouvernement vise un accord de paix d'ici un an. « Nous avons imposé un calendrier de neuf à douze mois », a déclaré ce lundi Silvestre Bello, chef de la délégation envoyée par Manille. Contrairement aux précédentes tentatives, il sera cette fois-ci question de discuter simultanément différents points de débat : réformes économiques et sociales, réformes politiques et constitutionnelles, fin des hostilités. « Avec cette nouvelle approche, nous sommes assez confiants », estime M. Bello. « Nous essaierons de faire (la paix, NDLR) sous un an, mais cela pourrait prendre un peu plus de temps », a cependant nuancé Luis Jalandoni côté rébellion.

Les maoïstes, qui puisent leur force chez les populations les plus pauvres dans les zones rurales du pays, se montrent notamment fermes et prêts à faire durer les débats sur le chapitre des réformes économiques et sociales. « C'est plus compliqué que certains peuvent le croire », plaide le responsable des négociations côté rebelles. Pour rappel, le Parti communiste des Philippines - un pays étroitement allié militairement aux Etats-Unis depuis les années 1950 - a été créé en 1968, pendant les premières années du règne de Ferdinand Marcos. Trois mois après sa création, le PC lançait la rébellion. A l'heure actuelle, la Nouvelle armée du peuple (NPA), son bras armé, ne compterait plus que 4 000 membres environ, contre 26 000 dans les années 1980.

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