Regain d'espoir pour la paix à Mindanao, principale île du sud des Philippines. Par endroits, Mindanao reste en proie à l'une des guérillas les plus longues et meurtrières d'Asie du Sud-Est, rappelle notre correspondante à Manille, Marianne Dardard.
En 2014, un accord de paix avait été signé avec le précédent gouvernement pour la création d'une région semi-autonome à Mindanao, dans l'unique région à majorité musulmane des Philippines. Mais depuis, cet accord de paix était resté lettre morte.
Reprennent désormais les discussions avec le Front moro islamique de libération (Milf), plus gros groupe séparatiste musulman, mais aussi avec un autre groupe armé, le Front moro de libération nationale (Mnlf). Une présence inédite.
C'est Murad Ebrahim, chef du Milf, qui a invité Nur Misuari, son homologue du Mnlf avec lequel Manille avait cessé toute discussion après plusieurs attaques sanglantes. Objectif : mettre terme à un conflit qui a fait plus de 120 000 morts, et établir une région autonome dans le sud des Philippines.
Le Milf, créé dans les années 1970, est composé d'environ 12 000 hommes. « Ces discussions ne sont pas une tâche facile », souligne Jesus Dureza, conseiller du président philippin, mais c'est « une étape clé pour la paix à Mindanao », fait-il remarquer.
La rébellion séparatiste est composée de trois groupes : le Milf, le Mnlf, mais aussi Abou Sayyaf, créé au début des années 1990 et connu pour ses prises d'otages. D'abord lié à al-Qaïda, il a depuis lors prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI).
Initiée par Rodrigo Duterte, lui-même issu de Mindanao et partisan du passage à un régime fédéraliste aux Philippines, cette ouverture du dialogue à d'autres groupes rebelles marque un tournant.