L'extrême sud thaïlandais, une région jamais vraiment domptée

La junte militaire thaïlandaise recherche les auteurs d'une série d'explosions qui ont fait quatre morts entre jeudi et vendredi dans le sud du pays, destination très prisée des touristes internationaux. Bangkok privilégie des pistes locales, évoquant plutôt l'hypothèse d'une attaque téléguidée par l'opposition. Quid de la piste menant aux insurgés de l'extrême sud du pays ?

Vengeance de l'opposition politique après un référendum favorable à une Constitution donnant plus de pouvoirs aux militaires ? Attaque des séparatistes musulmans de l'extrême sud, venant de la partie la plus méridionale du pays ? Les militaires thaïlandais préfèrent évoquer la première piste. Mais la deuxième peut-elle être totalement écartée ?

L’extrême sud de la Thaïlande n’a été rattaché au reste du territoire de ce pays qu’en 1909, dans le cadre d’un traité avec les Anglais. Avant cela, il faisait partie de la Malaisie. La Thaïlande, majoritairement bouddhiste, y a depuis mené une politique d’assimilation à marche forcée des populations autochtones. C’est cela, que lui reprochent les insurgés.

Ces derniers estiment que la population d’ethnie malaise et de religion musulmane fait l’objet de discriminations. Ces rébellions musulmanes, qui ne s'inscrivent pas dans la mouvance jihadiste internationale, sont actives depuis plusieurs dizaines d’années dans la région. Mais c’est en janvier 2004 que le conflit a véritablement commencé.

Un conflit meurtrier sur la dernière décennie

En dix ans, près de 6 000 personnes ont été tuées dans ce conflit. Principalement des civils, des bouddhistes ou même des musulmans soupçonnés de collaborer avec Bangkok. Les militaires et les milices pro-gouvernement sont de leur côté accusés d’avoir eu recours à la torture et aux exécutions sommaires.

Des négociations avaient débuté en 2013. Le principal groupe rebelle demandait entre autres une plus grande autonomie pour le sud. Ce qui supposerait une politique de décentralisation, qui depuis le coup d’Etat militaire de 2014, est encore moins à l’ordre du jour qu'avant. Les discussions sont donc au point mort.

Si ces derniers attentats sont réellement le fait des rebelles musulmans, ce qui reste à démontrer, cela supposerait un changement de stratégie : sortant très rarement de leur zone de prédilection, laquelle n'inclut pas les sites frappés - Hua Hin, Phuket et Surat Thani -, ils ne s’en sont jamais pris à des touristes jusqu'à présent.

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