Ces condamnations font suite à la vaste série d’interpellations qui avait visé l’été dernier les défenseurs des droits de l’homme en Chine. Trois cents militants et avocats avaient été arrêtés et une vingtaine est toujours en prison. Le cabinet Fengrui est particulièrement visé. Il est connu pour prendre en charge des affaires sensibles comme celle de l’artiste contestataire Aï Weiwei, du défenseur des droits de l’homme Chen Guangcheng ou encore de l’économiste ouïghour Ilham Tohti, condamné en 2014 à la prison à vie pour séparatisme.
Zhou Shifeng dirige ce cabinet Fengrui, fort d’une centaine d’avocats. Il a été condamné aujourd’hui à sept ans de prison pour « subversion contre le pouvoir d’État ». Selon les médias d’État, il aurait avoué pendant son procès avoir « instillé des idées pour provoquer une révolution ».
Ce procès s’est tenu sous haute surveillance : des dizaines de policiers interdisaient l’accès au tribunal de Tianjin, près de Pékin, et la circulation était interdite à 300 mètres à la ronde. La famille de Zhou Shifeng n’a pas pu assister à l’audience. Les épouses de certains militants arrêtés en juillet 2015 se plaignent d’ailleurs de n’avoir aucun contact avec eux.
L’une d’elles, Yuan Shanshan, s’est confiée à notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt. À l’abri des caméras de surveillance, l’épouse de l’avocat Xie Yanyi, assure ne pas se sentir en sécurité. « Dès que je suis allée au tribunal de Tianjin, la police a commencé à me chercher partout. Ils ont voulu m’arrêter. Des policiers ont harcelé le propriétaire de mon appartement, qui m’a mis dehors. Je suis en fuite aujourd’hui, chassée par la police », déclare-t-elle. Son mari a été arrêté il y a un an, ciblé par une opération policière inédite qui semble avoir eu un seul but : museler les voix critiques du régime.
« Mon mari a défendu par exemple un migrant tué par un policier avec une arme à feu, continue Yuan Shanshan. Le 12 juillet 2015, il a subitement disparu. Je ne sais pas pourquoi il a été arrêté. Entretemps, il est devenu papa, mais il n’est pas au courant. Sa fille a quatre mois, et elle n’a pas encore de nom. Je veux que ce soit lui qui lui donne son nom. »
Yuan Shanshan ne sait pas quand son mari sera jugé. La police l’a éloigné de force du tribunal lorsqu’elle a tenté d’assister au procès des codétenus de Xie Yanyi, condamnés à de lourdes peines de prison à l’issue de procès expéditifs.