Les réseaux sociaux saturent les journées des travailleurs sud-coréens

En Corée du Sud, pays particulièrement connecté, les travailleurs sont sollicités de jour comme de nuit par leurs employeurs, et souvent par le biais des messageries des réseaux sociaux. Un phénomène qui rend les conditions de travail pénibles pour de nombreux salariés. La Corée du Sud s’en inquiète et serait sur le point de légiférer pour libérer ceux qui sont trop connectés.

Les députés sud-coréens s’inquiètent. Selon eux, « de plus en plus d’entreprises utilisent les réseaux sociaux et les messageries mobiles pour donner des ordres aux employés quelle que soit l’heure. Le stress infligé aux salariés a atteint un niveau préoccupant. » Ainsi douze députés de l’opposition ont déposé un projet de loi dont le principe est simple : couper toute connexion liée au travail après les heures de bureau. Un projet de loi qui pointe du doigt en particulier Kakao Talk, une application de messagerie extrêmement populaire en Corée du Sud. Utilisée par 80 % des Coréens, celle-ci permet à un patron de maintenir le contact avec ses employés, quelle que soit l’heure du jour et de la nuit.

La messagerie de l’application est sur la sellette car elle possède une fonction de conversations de groupes bien souvent sollicitée. La plupart des employés de bureau sont ainsi réunis dans des groupes de discussion communs en ligne. C’est très pratique… sauf si le patron en abuse : imaginez une réunion de travail qui se poursuivrait le soir, la nuit, et les week-ends...

Dans un article intitulé « Avec Kakao Talk, la journée de travail ne finit jamais », le quotidien Hankyoreh a réuni des témoignages glaçants d’employés qui racontent comment leur vie de famille est complètement détruite. Une salariée d’une clinique y explique par exemple être obligée de répondre à toute heure du jour et de la nuit, sur son smartphone, aux questions de clients tyranniques. Des conversations qui en plus sont surveillées par son patron.

Smartphone ou tablette : 11 heures de travail en plus par semaine

En février, un rapport de l’Institut du travail indiquait que 70 % des employés utilisent smartphone ou tablette pour continuer à travailler chez eux… ce qui représente 11 heures de travail en plus par semaine. Des heures sup’ qui ne sont pas rémunérées, ce qui est en effet problématique dans un pays où les journées de travail sont déjà parmi les plus longues au monde… Selon ce même institut la Corée « a atteint le point où le travail non-rémunéré le week-end est en train de devenir la norme » et où « l’utilisation des gadgets connectés brouille la limite entre travail et vie de famille ».

La presse sud-coréenne érige en exemple l’Allemagne et la France, deux pays qui ont mis en place des législations pour protéger les salariés, par exemple en interdisant les courriels professionnels après certaines heures. S’il n’est pas sûr que ce projet de loi coréen soit voté, il aura eu au moins le mérite de lancer le débat sur un problème alarmant et jusqu’ici largement ignoré.

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