L’université sur la sellette est l’université des Sciences et Technologies de Pyongyang (PUST). Une école privée ouverte en 2010 à Pyongyang par un chrétien évangélique coréen-américain appelé Kim Chin-kyung. Ce projet caritatif a de quoi étonner : au cœur de la capitale nord-coréenne, une centaine de professeurs étrangers donnent des cours de sciences - en anglais - à environ 500 jeunes Nord-Coréens issus de l’élite. Pour ces étudiants, l’université représente une extraordinaire fenêtre ouverte sur le monde extérieur.
Des unités de « cyber-guérilla » et de piratage en ligne
Mais ce projet est aussi régulièrement critiquée. La dernière attaque vient du quotidien conservateur sud-coréen Munhwa Ilbo, qui a accusé certains des diplômés de cette école d’être recrutés par l’armée pour ses programmes nucléaires et balistique, ainsi que pour ses unités de « cyber-guérilla » et de piratage en ligne.
Et ce n’est pas la première fois que cette université est accusée de former des pirates informatiques. En décembre dernier, deux Nord-Coréens réfugiés à Séoul ont déclaré lors d’une conférence de presse que l’armée nord-coréenne envoyait des étudiants dans cette école étrangère pour des formations liées à ses activités de cyber-terrorisme. Ces deux transfuges, dont l’un affirme être un ancien « hacker » de Pyongyang, ont demandé aux donateurs privés de cesser de financer cette université.
Une extraordinaire attaque en ligne contre la Banque centrale du Bangladesh
Les accusations résonnent sur un fond de multiplication de cyber-attaques attribuées à la Corée du Nord. On parle d’un vol de 40 000 fichiers confidentiels ! Et la semaine dernière, la police sud-coréenne a aussi affirmé que le Nord avait réussi à infecter 140 000 ordinateurs au Sud. En mai, le régime s’est aussi vu accusé d’avoir orchestré une extraordinaire attaque en ligne contre la Banque centrale du Bangladesh, et d’avoir dérobé 81 millions en piratant son système de transactions financières.
Les responsables nient être impliqués dans la formation de « hackers »
Les pirates nord-coréens ont un savoir-faire indéniable… mais sont-ils formés dans cette université étrangère à Pyongang ? Le mystère reste entier. Le programme scolaire de cette école inclut certes des cours d’informatique, de programmation et de réseaux… mais ses responsables nient vigoureusement être impliqués dans la formation de « hackers ». Et même si le régime nord-coréen, pour renforcer ses capacités de cyber-guérilla, recrute parmi les meilleurs étudiants de toutes ses université, il n’a pas besoin de cette école étrangère en particulier. La faire fermer ne changerait sans doute rien au problème.
Après le 4e essai nucléaire nord-coréen de janvier, les conservateurs au pouvoir à Séoul cherchent à isoler le plus possible la Corée du Nord : ils ont mis fin aux derniers envois d’aide humanitaire, aux derniers projets de coopération Nord-Sud. Ces accusations renouvelées visant cette école étrangère doivent se comprendre dans ce contexte de tensions grandissantes.