New Delhi, ville la plus polluée du monde, aimerait sortir du diesel

La Cour suprême indienne va décider ce lundi 9 mai si elle maintient l'interdiction aux taxis de New Delhi de rouler au diesel et de passer au gaz naturel, dans le but de réduire leurs émissions dans cette ville considérée comme la plus polluée du monde. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er mai, mais a provoqué la colère des chauffeurs qui ont bloqué plusieurs axes autour de la capitale la semaine dernière. Le gouvernement les soutient et a demandé à la Cour de retarder cette conversion.

De notre correspondant à New Delhi, 

Une grande partie des taxis roulent au diesel à New Delhi car ce carburant est moins coûteux. Or, cela revient très cher de convertir un tel moteur au gaz naturel ; environ 3 000 euros, soit près de la moitié du prix d'une voiture neuve en Inde. Et surtout, le système susceptible d’être installé n'est pas approuvé par les autorités.

Les chauffeurs de taxi très en colère

Cette mesure arrive à un moment assez inopportun car le nombre de taxis a explosé depuis deux ans, suite à l'arrivée des compagnies de voitures de tourisme avec chauffeur, comme Uber et Ola, la version locale : 11 000 nouveaux taxis au diesel ont été enregistrés l'année dernière seulement. Ceux qui avaient les moyens ou dont les voitures étaient assez anciennes ont pu racheter un véhicule neuf au gaz. Mais un grand nombre n'ont pas pu, car ils n'ont pas fini de payer l'emprunt : on parle d'environ 30 000 taxis au diesel, qui ont donc dû arrêter de circuler depuis lundi 2 mai. C'est une partie d'entre eux qui ont bloqué les routes pendant deux jours pour protester contre cette mesure.

Une mesure qui n'a pas été anticipée

Le gouvernement régional s'est rangé du côté des taxis et a demandé à la Cour suprême d'autoriser ces taxis au diesel à rouler jusqu'à expiration de leur permis, soit pendant une période de 5 ans maximum, ceci afin de laisser le temps aux propriétaires d'amortir leur récent achat. En attendant, plus aucun nouveau taxi au diesel ne serait enregistré. Le problème est d'ordre pratique également ; en retirant d'un coup 30 000 taxis de la circulation, beaucoup d'entreprises ont été touchées, et entre autres les centres d'appels et de nouvelles technologies qui opèrent la nuit. Ces voitures étaient utilisées pour raccompagner leurs employés, surtout les femmes, de manière sûre. Aujourd'hui, beaucoup de ces opérateurs doivent dormir dans les bureaux jusqu'à l'aube avant de pouvoir prendre le métro. Le secteur emploie 250 000 personnes dans la région de Delhi et ses représentants affirment que cette interdiction pourrait coûter à ces entreprises 870 millions d'euros dans les 6 à 9 mois à venir.

La Cour suprême indienne fait pression

Chaque véhicule qui roule au diesel émet cinq fois plus de particules fines que son équivalent à l'essence. Et fait encourir aux habitants de New Delhi quatre fois plus de risques de développer un cancer. La Cour suprême est étonnamment l'instance la plus militante sur cette question, mais elle fait face à des obstacles dans son empressement à appliquer ces mesures nécessaires pour purifier l'air de la ville la plus polluée du monde.

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