Quelques heures avant la publication de la loi, le commissaire aux droits de l'homme de l’ONU demandait au gouvernement thaïlandais « d’encourager activement plutôt que de décourager le dialogue et les prises de position concernant le projet de Constitution ». Conclusion : c’est raté !
10 ans de prison et 200 000 baths (soit 5 000 euros) d’amende, ou encore la révocation du droit de vote pendant dix ans : ceux qui tenteraient de faire entendre leur voix avant le référendum risquent gros. La loi vise les médias ainsi que les prises de position sur Internet.
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La semaine dernière déjà plusieurs activistes et un ancien politicien de renom avaient été arrêtés pour avoir critiqué le nouveau projet de Constitution. En cause : le texte prévoit un Premier ministre non élu ; un Sénat entièrement nommé ; et un renforcement du pouvoir des tribunaux, bastion des élites traditionnelles soutenues par l’armée.
Car la Thaïlande est toujours fortement divisée entre ces élites et les partisans de la famille Shinawatra Thaksin, exilé depuis dix ans, et Yingluck, destituée juste avant le coup d’Etat militaire il y a deux ans. Les Shinawatra ont le soutien des classes populaires et remportent traditionnellement les élections. La junte tente avec ce projet de Constitution de rendre impossible leur retour au pouvoir.