Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Ce projet de Constitution met en place une démocratie très encadrée. Un sénat de 250 membres entièrement nommé par les militaires comprendra ex-officio tous les chefs de l’armée et de la police. Une personnalité extérieure au monde politique et non élue pourra devenir Premier ministre. Un comité stratégique, sorte de Politburo contrôlé par les militaires, pourra pendant vingt ans dicter la politique des gouvernements successifs. L’Assemblée nationale sera élue, mais effectivement dépourvue de pouvoir réel.
Pour la Thaïlande, c’est un retour quarante ans en arrière, à l’époque où le royaume était sous l’égide de ce que l’on appelait une démocratie à demi-cuite.
La junte souligne que le fait que le projet soit soumis à un référendum lui donnera, s’il est approuvé, une légitimité populaire. Mais dans les faits, les militaires ont interdit tout libre débat public sur le texte. Un décret punit d’une peine maximale de dix ans de prison ceux qui influencent les électeurs avant le référendum en « déformant la réalité ».
Autre disposition inquiétante : si le projet est rejeté lors du référendum, la junte menace de mettre en œuvre une Constitution du passé, laquelle risque d’être encore plus restrictive que le projet actuel.