Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
John Kerry a d’abord visité le musée de la Paix d’Hiroshima qui retrace toute l’horreur de la première bombe atomique lancée contre une population civile : le calvaire des atomisés, leurs corps écorchés vifs. Soixante-dix ans plus tard, dans des hôpitaux de la ville, des survivants meurent encore de cancers dus aux radiations. Le musée rappelle aussi ce qui a précédé Hiroshima : le militarisme japonais et ses atrocités.« Tout le monde devrait voir et ressentir la puissance de ce mémorial », a écrit le secrétaire d’Etat américain sur le livre d'or du musée.
A Hiroshima, John Kerry ne présente aucune excuse. Pour l’Amérique, le bombardement atomique était nécessaire pour contraindre le Japon à capituler. Le chef de la diplomatie américaine a toutefois plaidé face à la presse pour « un monde sans armes nucléaires ». « Cela nous rappelle avec force et dureté que nous avons non seulement l'obligation de mettre un terme à la menace des armes nucléaires, mais que nous devons aussi tout faire pour éviter la guerre », a-t-il insisté.
Une mémoire menacée
Aujourd’hui, la plupart des petits Japonais sont incapables de mentionner le jour du bombardement. Par sa seule présence, John Kerry contribue à ce que la mémoire d’Hiroshima ne s’effrite pas totalement. Barack Obama, prix Nobel de la paix, pourrait, dit-on visiter à son tour Hiroshima lors du prochain sommet du G7, les 26 et 27 mai prochains. Aucun président américain en exercice ne s’est encore rendu à Hiroshima.
Le souvenir du 6 août 1945 s’est déjà estompé de la mémoire du Premier ministre japonais Shinzo Abe. Il entend réviser la Constitution pacifique, maintenir une capacité nucléaire pour, le cas échéant, doter le Japon de l’arme atomique.