Pékin a terminé la construction d'un phare gigantesque sur le récif de Subi, un atoll corallien situé dans le nord des explosives îles Spratleys, et transformé progressivement par la Chine en île artificielle bien émergée à marée haute, au nez et à la barbe de ses rivaux régionaux également implantés dans l'archipel.
L'édifice, haut de 55 mètres, est équipé de technologies permettant de surveiller le passage des navires, selon l'agence de presse Chine nouvelle. La mise en fonctionnement du phare a été célébrée mardi 5 avril, en présence de responsables des Transports, toujours selon l'agence officielle chinoise.
Pour la République populaire de Chine, la structure est pacifique. « La Chine s'est engagée à fournir davantage d'équipements publics (permettant) de garantir la sécurité et la liberté de la navigation en mer de Chine méridionale. Ce que nous faisons va favoriser le commerce et le développement économique des pays riverains », considère Lu Kang, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Sur sept récifs et îlots disputés de l'archipel des îles Spratleys, dans le sud de la mer de Chine méridionale, la Chine a entrepris ces dernières années de gagner du terrain sur la mer pour y déployer ses activités humaines. Avec Fiery Cross ou encore Mischief, l'île artificielle de Subi est au cœur du dispositif et abrite, entre autres installations stratégiques - et donc potentiellement militaires - une piste d'atterissage.
La Chine, ses voisins et les eaux méridionales
L'an dernier, il avait été annoncé que Pékin entendait construire deux grands phares dans les environs, sur Johnson South, récif à proximité duquel a eu lieu une bataille meurtrière entre la Chine et le Vietnam en 1988, peu de temps après le retour des Chinois dans les Spratleys, mais aussi sur Cuarteron, qui a défrayé récemment la chronique, l'îlot étant suspecté d'abriter un radar haute fréquence.
La Chine revendique une souveraineté sans partage sur la quasi intégralité de la mer de Chine méridionale, par l'intermédiaire d'une carte peu précise de la sous-région surnommée la « ligne en neuf traits ». Outre le contrôle de carrefours maritimes à la fois commerciaux et stratégiques, vers le Moyen-Orient ou le Pacifique par exemple, sa politique actuelle dans les Spratleys, mais aussi dans les Paracels et sur Scarborough, vise à éteindre sa Zone économique exclusive (ZEE).
Selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), que Pékin bafoue selon ses voisins en jouant sur la notion de « plateau continental » et en s'appuyant sur des considérations historiques qu'ils contestent, toute puissance dotée d'une côte bénéficie à tout le moins de droits exclusifs, concernant la pêche ou les hydrocarbures notamment, sur une étendue de 200 milles nautiques face à ces côtes.
Or, cela vaut pour les eaux entourant les îles, du moment qu'il s'agit bien d'îles, c'est-à-dire de positions qui émergent y compris à marée haute. La stratégie pékinoise dans la mer de Chine méridionale exacerbe les différends territoriaux entre la Chine et ses voisins, et ce jusqu'en Indonésie, alors que le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Taïwan font également valoir tout ou partie leurs revendications dans les Spratleys, pour des raisons X ou Y, sur des zones qui sont parfois les mêmes.
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