Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Tout le monde savait sauf le Japon. Enfin, presque. Dès le début de l’accident de Fukushima des physiciens étrangers dépêchés à Tokyo pour aider leurs collègues japonais, nous expliquaient que les cœurs de plusieurs réacteurs étaient sans doute entrés en fusion.
Tepco aura attendu plus de deux mois avant de reconnaître qu’un tel processus était bien en cours pour trois d’entre eux. Dans ses manuels de gestion de crise il était pourtant écrit que si l’endommagement d’un cœur de réacteur dépasse 5 % on peut en déduire que la fusion du cœur est en cours.
A sa décharge Tepco dit que la situation à la centrale était effrayante : perte totale d’électricité, installation en partie détruite par le tsunami et inondée. Les grands médias japonais liés à Tepco se gardèrent eux aussi, de parler de fusion des cœurs des réacteurs pendant des semaines. Sur les réseaux sociaux japonais des physiciens, sous le couvert de l’anonymat, décrivaient eux toute la gravité de l’état des réacteurs.
Mais des scientifiques laissent entendre aujourd’hui que si Tepco avait admis dès le début que les cœurs des réacteurs étaient entrés en fusion, Tokyo aurait cédé à la panique. Seuls 220 kilomètres séparent la mégalopole japonaise de Fukushima.