Des nouilles instantanées et un morceau de pain deux fois par jour : à ce rythme Thelma Gawidan a perdu 20 kilos en 15 mois chez ses riches employeurs singapouriens. Un enfer dans une cage dorée dont la domestique a fini par s’échapper suite à un moment d’inattention de ses patrons et geôliers. C’était le 18 avril 2014.
Elle avait raconté une première fois son histoire dans un centre d’aide aux migrants ; elle l'a re-racontée devant les juges. L’ancienne femme de ménage âgée de 40 ans était non seulement privée de salaire. Les 500 dollars qu’elle a reçus en plus d’un an étaient enfermés dans un sac plastique caché au milieu de ses affaires sales. Elle a aussi été privée de parole et de toute communication avec l’extérieur. Dès son arrivée, son téléphone portable a été confisqué par ses employeurs et enfermé dans une valisette, elle-même placée dans une consigne de l’aéroport.
Impossible également de faire le moindre mouvement sans être accompagnée. « Ils regardaient quand je me réveillais, ce que je mangeais, ce que je buvais, et quand je prenais une douche » affirme Thelma Gawidan. Même faire ses besoins les plus élémentaires est devenu chose compliquée. Au début, Mme Gawidan pouvait utiliser les WC du condominium du couple. Puis, on le lui a interdit et elle ne pouvait plus se rendre que sur autorisation aux toilettes situées près de la piscine.
Lim Choon Hong et Chong Sui Foon, ses employeurs, sont âgés de 47 ans. Poursuivis pour persécutions et mauvais traitements, ils risquent une amende pouvant aller jusqu’à 6 400 euros et une peine d’un an de prison au maximum, soit moins de temps qu'aura duré le calvaire de leur ex-employé de maison.