Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
L’an dernier, lorsque les planteurs d’hévéas ont menacé de venir manifester à Bangkok pour réclamer un soutien financier du gouvernement, le chef de la junte et Premier ministre Prayuth Chan-ocha leur a rétorqué qu’ils allaient se fatiguer pour rien et qu’ils feraient mieux d’arracher leurs hévéas et de planter autre chose.
Petit à petit, toutefois, les réalités économiques se sont imposées au pouvoir militaire. L’effondrement du prix du caoutchouc a mis en difficulté des millions de planteurs du sud du pays. Les faibles pluies ont empêché les riziculteurs de faire une seconde récolte, divisant leurs revenus par deux.
Au final, les militaires reprennent en gros les politiques du gouvernement qu’ils ont renversé. Politiques qu’ils dénonçaient comme irresponsables et populistes. Simplement, disent-ils, ces politiques sont désormais basées sur de bonnes intentions et non, comme précédemment sur une volonté de s’enrichir par la corruption. Dans le doute, le gouvernement militaire a toutefois octroyé une amnistie aux fonctionnaires chargés de ce programme pour les protéger de futures poursuites judiciaires, dans le cas où les subventions causeraient des pertes financières massives à l’Etat.