Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Dans la cage de verre du tribunal municipal de la petite ville russe de Donetsk, Nadejda Savchenko, qui a déjà passé 15 mois dans les prisons du pays, est calme et déterminée. Alors qu'elle est accusée d'avoir dirigé les tirs meurtriers contre deux journalistes russes, elle répond au juge : « Ce sont des mensonges, du début à la fin. Je n'ai jamais vu ces journalistes. De ma vie, je n'ai jamais tiré sur des personnes sans arme. Je suis un soldat, pas un assassin. »
Les avocats de la pilote ukrainienne sont sans illusion. Pour eux, il s'agit clairement d'un procès politique. Mais ils ont décidé d'accepter le débat contradictoire, comme l'explique maître Nicolai Polozov : « Tout ça n'est qu'un mauvais spectacle qui nous rappelle les procès staliniens des années 1930. Notre objectif est de montrer l'absurdité des accusations contre Madame Savchenko. Il est essentiel de comprendre que le destin de Nadejda Savchenko ne se décide pas dans cette salle, mais au Kremlin. »
Des audiences sont prévues jusqu'à fin octobre. D'ici là, Vladimir Poutine se sera rendu à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, et il aura rencontré le président ukrainien, la chancelière allemande et le président français à Paris. Le destin de celle qui est membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pourrait y être évoqué. Les avocats de Nadejda Savchenko comptent beaucoup sur la pression internationale.